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Pas d'orchidées pour Miss Armagnac
Poche
Inédit
Tout public
304 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-2-35068-416-1
Coll. "Du noir au Sud"
Café, pousse-café, cigare
À la base, il y a trois femmes. Trois bombasses, si vous me passez l'expression. Elles s'appellent Alima, Ashley et Adrijana. Alima est co-gérante, avec son "ami" (comprenez ce que vous voulez) Toufik, du Paradise Club, un lieu de perdition pour ceux qui pratiquent le sexe sans être agoraphobes. Ashley vient d'être élu Miss Armagnac, autant vous dire qu'elle est belle comme un studio refait à neuf, et même épanouie puisque depuis quelques temps elle vit une love story avec Jean, un étudiant en histoire de l'Art (et du cochon). Adrijana, elle... Eh ben, elle, elle profite de la solitude de Jean, qui maqué avec Miss Armagnac doit la partager avec des "obligations" (comprenez ce que vous voulez bis), pour se l'envoyer dans son meublé. C'est là qu'elle perd la tête, Adrijana. Et quand je dis qu'elle perd la tête, je parle au sens propre. Parce que tandis qu'elle chevauche Jean, depuis le bâtiment d'en face, il y a quelqu'un qui l'allume avec un tir de précision et qui lui arrache la moitié de la tronche. Oui, messieurs-dames, une bastos dans la poire en plein zizi panpan (il y a quand même des dégueulasses !). Jean pourrait appeler son frère Benoît qui bosse dans la poulaille, mais voilà les deux frères ne sont pas spécialement dans une relation d'affection indéfectible, alors l'étudiant préfère se carapater (comprenez "foutre le camp fissa et sans demander son reste"). D'autant qu'il a besoin de repos parce qu'en ce moment il travaille sur une histoire passionnante venue tout droit du Moyen Âge : la disparition d'une servante du château de Castagnac en 1432. Résonance étonnante avec le présent où une nouvelle disparition est signalée : celle de Miss Armagnac herself !
Pas d'orchidées pour Miss Armagnac, dont le titre fait directement référence à un roman de James Hadley Chase (Pas d'orchidées pour Miss Blandish), est un polar de facture classique. Bien écrit, il se lit facilement selon le déroulement de l'enquête. L'originalité vient de la forme du récit avec une distorsion de l'espace temps. Il y a des scènes en 1432 et des scènes d'aujourd'hui. Et dans les scènes d'aujourd'hui il y a des flashbacks mais aussi des anticipations. Un paragraphe ou un chapitre peut commencer par ce qui s'est passé après le temps d'action important et qui va d'ailleurs être développé. Autre chose intéressante, Jean, le héros, ne conduit pas l'intrigue alors qu'il est partie prenante pour deux raisons : sa fiancé est introuvable et sa maîtresse s'est faite tuer sous ses yeux (et je reste soft). Comme dans la réalité, c'est la police qui s'y colle. Maintenant, cette "particularité" (la non-enquête du héros) a aussi son revers de la médaille, et moi, j'avoue que cela m'a énormément dérangé. Le personnage principal vit quand même des événements forts dont il n'a absolument pas l'habitude, et il continue, presque comme si de rien n'était, sa vie d'étudiant qui cherche l'explication sur une disparue du Moyen Âge. Alors qu'il ne s'entende pas avec son frère, moi je veux bien. Mais quand on est témoin d'un meurtre, qu'on est sans nouvelle de sa gonzesse, qu'on sent sa vie en danger (car vous vous imaginez bien que les problèmes ne s'arrêtent pas là) et qu'on n'appelle pas la police, moi, je trouve, et même si j'ai l'explication finale, que c'est un peu fort de café. C'est-à-dire que pour nous raconter l'histoire qu'il voulait à tout prix nous raconter de la manière dont il voulait nous la raconter, l'auteur est un petit peu obligé de nous faire passer des choses en force, quoi ! Après, ça ne dénature pas son œuvre, qui est vraiment plaisante à lire, mais peut être qu'avec un peu plus d'action et de suspense, ou de rebondissements, ça serait passé plus facilement. Personnellement, j'aurais aimé voir le poisson se noyer dans l'Armagnac !
Citation
Le téléphone se met à vibrer dans ma poche. Ashley ! Ce ne peut être qu'elle. Je me précipite vers l'extérieur de la chapelle, je manque de m'affaler au milieu de la nef en regardant le message. Fausse alerte, j'enrage, d'autant plus que c'est un texto de mon opérateur téléphonique qui m'invite à mettre à jour mon téléphone. Fais chier cui'là.