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Grand format
Inédit
Tout public
244 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35962-841-8
Coll. "Rouge"
Laboratoire politique
Cette aube de XXIe siècle semble être celle de tous les dangers, et ce n'est pas Jonathan Gillot qui va nous raconter le contraire avec Désordres, son premier roman. Malgré ce qui nous semble être des faiblesses, l'Europe a l'air d'avoir encore la côte auprès des autres continents, que ce soit des migrants qui veulent venir s'y installer ou des puissances ennemies qui aimeraient l'affaiblir. De plus, les Européens portent en eux-mêmes leurs propres fragments de désintégration. En France, même si elle n'est pas si visiblement évidente, l'émigration amplifiée par la crise syrienne angoisse. C'est dans ces conditions que, soutenu par une puissance étrangère, un mouvement néo-nazi aimerait faire chuter le gouvernement, voire la République. Pour cela, l'un des leaders de ce mouvement a décidé d'un plan simple : prendre possession d'une petite ville de province, y instaurer un gouvernement par le mouvement qu'il dirige, régner d'une main de fer en pensant que la population, prise en otage, sera un bon moyen de pression sur l'État central démocratique, forcément faible et attentiste. À son exemple, d'autres foyers de rébellion se manifesteront et le régime tombera par simple contagion du nouveau modèle. Le dirigeant a choisi la ville de Chaumont comme ville test. À la même, une journaliste connue et son adjoint, Quentin Viessenthal (le principal protagoniste de ce roman), arrivent en ville pour y effectuer un reportage. C'est alors qu'une violente explosion détruit la mairie. Fuite de gaz ? La journaliste est assassinée durant la nuit par les nervis du futur pouvoir, et Quentin Viessenthal tente de faire son travail d'investigation pour comprendre ce qui se passe lorsque éclate le coup d'État...
Jonathan Gillot est originaire de Chaumont. C'est sans aucun doute la raison qui l'a poussé à situer son coup d'État dans cette ville. mais l'idée de révolutionner la France par une petite ville de province, identique aux autres, et symbolique, n'est absolument pas stupide. Sa description de la prise du contrôle, des actions et des réactions possibles des habitants est crédible et montrée avec soin. Les rares incursions vers l'extérieur, pour présenter la difficulté du gouvernement central à agir, par peur de tuer des innocents (on est loin du cynisme de nos dirigeants pour le coup), est empreinte de réalisme. Les personnages sont bien dessinés et crédibles, mis à part le bras droit du futur führer, qui passe de la croix gammée à la résistance de manière un peu abrupte. Derrière un schéma d'intrigue de facture classique, menée de manière rythmée et nerveuse, sur un style limpide, plus préoccupé par l'histoire que par les envolées littéraires, Désordres est un premier roman sympathique sur l'éclosion du chaos étatique.
Citation
À coups de ratonnades dans les rues de Paris, ils veillaient, lui et ses camarades, sur la civilisation européenne rendue malade par un humanisme niais.