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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Australie) par Daniel Lemoine
Paris : Archipel, juillet 2016
368 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8098-1897-0
Les criminels se cachent pour tuer
Holloman est une petite ville universitaire du Connecticut sans histoire. C'est l'endroit où même les oiseaux n'auraient pas besoin de se cacher pour mourir, tant il est possible de décéder d'ennui. Pourtant en cet été 1969, la ville est agitée car on vient de retrouver une série de cadavres tous morts de la même manière : de beaux jeunes hommes émasculés, puis abandonnés afin de mourir de faim et de soif. Quel horrible tueur peut se cacher derrière ces crimes ? Quel passé nauséabond se dissimule sous ce nouveau tueur en série ? Comme l'on s'ennuie à mourir dans la ville, le tueur a décidé d'éprouver une deuxième technique. Il recourt à présent à l'étranglement. Le sergent Carstairs et le lieutenant Goldberg, les deux adjoints du capitaine Carmine Delmonico, chargés d'enquêter mais ne savant pas à quel saint se vouer décident de faire appel à leur supérieur pourtant en vacances. Ce dernier a une idée brillante : si les crimes sont dissemblables, c'est peut-être parce qu'il y a deux tueurs qui sévissent dans cette bonne vieille petite ville ! Il incombe donc de sortir les loupes et d'agiter ses petits neurones...
Colleen McCullough est l'auteur d'un célèbre best-seller adapté au cinéma et en série télévisée (d'où une phrase ironique autour de volatiles un peu plus haut dans ce texte). Vivant en Australie, elle décidé cependant d'écrire une série policière basée dans le Connecticut dont ce devrait être le quatrième volume. Écrivain de grandes fresques, elle n'hésite pas à multiplier les dialogues et les discussions entre ses personnages. Mais ce qui pourrait convenir dans une saga familiale ou un mélodrame n'est pas forcément un gage de réussite dans un roman policier. Les deux enquêtes trouveront leur résolution, mais ce n'est pas le principal interêt du roman. Il est d'ailleurs difficile de savoir ce qui est le centre du roman. Il débute par les corps suppliciés de jeunes hommes ce qui introduit une angoisse qui va se dissiper en deux coups de cuillères à pot, avec des références freudiennes classiques. Puis l'idée d'un psychiatre nous fait basculer vers un asile de fous, sorte de château médiéval caché au milieu d'une fôret aux États-Unis, avec savants fous et psychopathes dotés d'une intelligence hors du commun, capables de berner tout le monde (sauf l'adjudant Carmine Delmonico, qu'on a eu le tort de déranger durant ses vacances), et la deuxième enquête s'accélère à son tour.
Très marqué par les recettes du mélodrame et de la saga, Péché de chair montre qu'il ne suffit pas de savoir écrire des best-sellers et d'être capable de tenir une longue histoire sans temps morts, avec des personnages grossièrement esquissés, quelque peu insipides, mais qu'il convient aussi de savoir bâtir une intrigue (ce qui n'est pas le cas ici) et de présenter des critères à peu près plausibles d'une enquête policière (à moins que l'on considère qu'une enquête c'est une suite de discussions plus ou moins soporifiques). Extrêmement grand public, destiné au club de lecture plus qu'aux participants de salons du polar, le roman risque de provoquer une mort par ennui chez le lecteur.
Citation
Il hurla et continua de hurler, longues plaintes stridentes de tristesse et de désespoir auxquels succédèrent des mots sans suite ; puis ce fut un silence proche de la catatonie, tous les muscles demeurant immobiles.