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Quatre larmes sur un voile de nylon rouge
Grand format
Inédit
66 p. ; illustrations en couleur ; 30 x 22 cm
ISBN 978-2-37416-096-2
Flash
Paris dans les années 1970. Le monde de la mode. Le grand couturier Tetsuo Nakamura s'apprête à sortir sa nouvelle collection. Dorian, jeune photographe qui a déjà pas mal roulé sa bosse (aïe), est engagé par le magasine Style pour couvrir l'événement. La collection s'annonce assez saignante car plusieurs personnes de l'entourage du modéliste sont assassinées sans qu'on en sache la raison. L'inspecteur Fournier (et sa moustache) enquête. La police surveille. Dorian découvre les coulisses du milieu de la haute couture ou le superflu, la jalousie (seul sentiment qui semble sincère) et la drogue règnent en maîtres. Il rencontre aussi Flora, une ancienne mannequin devenue aveugle suite à un accident. Et les meurtres continuent...
Pourquoi le cacher, le scénariste de cette bande dessinée ne m'est pas inconnu. Emmanuel Beaudry est un ami, un vrai. Et je reconnais bien là son style tout en efficacité. Le gars Manu, c'est une marotte, essaye toujours d'aller au plus simple. Et je dois dire que présentement il y réussit merveilleusement bien. D'autant qu'il a trouvé avec le dessinateur Corentin Lecorsier un autre obsédé du "je-tape-dans-le-mille". Plus qu'une déclaration d'amour aux seventies, c'est avant tout un hommage au grand cinoche (je dis "grand" parce que c'est le cinéma que j'aime... mais j'assume) que rendent les deux compères. Le Blow-up de Michelangelo Antonioni natürlich, mais aussi au Peur sur la ville d'Henri Verneuil avec la presque reproduction d'une scène mythique tout à fait dans le ton de la B.D. (un indice chez vous : mannequinS). Plus des petits clins d'yeux par-ci par-là à Dario Argento, à Brian de Palma, à... Je vous laisse découvrir par vous-mêmes. Mais quand j'évoque la référence au Septième art, je parle d'abord de la composition de l'album, qui révèle une véritable inspiration cinématographique. Les cases sont une succession de plans dans lesquelles on nous montre l'essentiel (attention, je rappelle que l'action se situe dans un milieu "d'apparences"...). Je ne veux pas dire pour autant que l'album se déroule entre des gros plans, des inserts, ou un plan américain pour souligner que le personnage principal se fond dans l'univers (impitoyable) qui l'entoure. Je veux dire que les auteurs aiment, pensent cinéma, et qu'ils se sont intelligemment servis de leur penchant pour ne jamais perdre de vue leur trame. Ils ne s'écartent jamais de leur sujet pour s'aventurer dans l'anecdotique. Par exemple, le décor et l'époque sont là mais ils ne parasitent pas l'intrigue à grands coups de références ou de "si tu as connu ça c'est que tu es un vieux" qu'il faut à tout prix ne pas rater (la preuve, je ne suis même pas capable de vous dire s'il y a un téléphone orange à cadran ou une DS Citroën noire dans cette histoire), ils font partie intégrante du scénario mais ne débordent pas. Beaudry et Lecorsier font dans la fiction, pas dans le documentaire sur "Giscardisme et Modernité". Ils s'amusent comme deux collégiens avec les codes, les couleurs, les genres et avec les fausses pistes... Tenez, en parlant de piste (à l'époque on disait des sillons. Des sillons de vinyle), si vous aimez la grande musique (je dis "grande" parce que, etc.), l'œuvre fait la part belle à quelques bons morceaux/albums de Rock et Protest Song (sauf qu'en 1975, ça ne s'appelait déjà plus Protest Song. Ça s'appelait directement Bob Dylan). Et si vous ne connaissez pas l'album In The Court Of The Crimson King de Crimson King, écoutez-le. Si vous le connaissez déjà, continuez de l'écouter ! Enfin, après avoir récupéré votre exemplaire de Quatre larmes sur un voile de nylon rouge. Parce que si la bande originale est si bien, avouez que ça serait con de ne pas "lire" le film !
Illustration intérieure
Citation
Je vais être franc avec toi. Des mecs qui se font dessouder pour une histoire de came j'en ai vus défiler. C'est rarement beau à voir. Mais ce que j'ai vu ces derniers jours c'est franchement dégueulasse