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Un moindre mal
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Janique Jouin-de-Laurens
Paris : Gallmeister, mars 2017
472 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35178-145-6
Coll. "Noire"
Cape Cod confidential
Avec Un moindre mal, Joe Flanagan nous propose un premier roman noir classique enthousiasmant avec une belle brochette de protagonistes cabossés qui errent dans la ville corrompue de Cape Cod en cette année 1957. Il y a de la corruption et des manigances politiques. Ces dernières expliquent sans aucun doute l'arrivée de la police d'État pour mettre un terme aux agissements d'un prédateur pédophile meurtrier sur l'insistance du procureur local en quête de réélection. L'époque, l'ambition de l'écrivain, les thématiques et le style font nécessairement penser à James Ellroy, à son roman L.A. confidential et plus amplement à sa tétralogie sur la Cité des anges. À la tête des inspecteurs, un certain Stasiak, qui doit sa renommée au démantèlement d'un clan de mafieux irlandais. Mais c'est un homme gris, qui n'hésite pas à franchir la frontière entre le Bien et le Mal plus que de raison, et à s'aventurer sur des sentiers tortueux. Il va se heurter au lieutenant Warren, seule personne, semble-t-il, intègre de la ville. Warren et ses colères sourdes, Warren et son enfant qui souffre de traumatismes neurologiques hérités d'une mère imbibée d'alcool au cours de sa grossesse. Une mère qui a depuis disparu et qui réapparaitre d'étrange manière pour tenter d'assembler les pièces disparates mais somme toute logiques d'un puzzle violent et corrompu. Le puzzle représente une ville avec un prédateur, des mafieux qui dirigent un lieu clandestin de paris téléphoniques, une décharge publique, une école pour enfants retardés, un port, une église, un prêtre suspect, un magasin d'antiquités tenu par des homosexuels pas du tout en odeur de sainteté, la police d'État, la police locale, le FBI, un psychiatre aux méthodes suspectes et plein de lieux dangereux dont un motel qui n'a rien à envier à celui des Bates. Joe Flanagan parvient à décrire dans ce roman ambitieux et à la hauteur de ses ambitions le quotidien d'une communauté ordinaire avec un style sobre et efficace, avec rugosité mais aussi tendresse. Certes, il ne ménage pas ses personnages attachants, mais il nous offre également quelques passages réjouissants, sinon jouissifs. Le plus surprenant est peut-être dans un final à multiples rebondissements et à multiples facettes avec au milieu un épisode miraculeux qui tendrait à prouver que nous ne sommes pas les récipiendaires des tares parentales. Les voies du seigneur sont parfois moins impénétrables que celles de la corruption... Lumineux !
Citation
Elliott se demandait si l'arrivée de Stasiak présageait d'événements à venir ou si elle était au contraire censée les en protéger.