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Grand format
Inédit
Tout public
656 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-501-12255-9
Coll. "Thriller"
La vie des sectes
Lorsque le cadavre d'une jeune femme est découvert en pleine Cévennes, l'équipe du capitaine Éloïse Bouquet, auréolée de l'affaire de la tueuse en série baptisée la fille de Kali, se met en branle. Les vêtements et surtout les soins médicaux sommaires de la victime anonyme donne à croire qu'elle vient des pays de l'Est... Mais le capitaine Merlot d'Interpol s'en mêle : pour lui, elle n'est que la dernière d'une longue série sur laquelle il œuvre depuis des années. La nouvelle cellule policière constituée pour mettre en commun leurs compétences, baptisée Trafic d'êtres humains, va tomber sur des fils et filles à papa se faisant des sensations en organisant des chasses à l'homme. Mais il y a aussi cette étrange communauté entièrement soumise à sa gourou et à sa terreur de mystérieux "Boches" que va découvrir Bastien, un adolescent perdu lors d'une randonnée. Et il y a ce Laurent Barthes qui, à soixante-dix and passés, apprend à la mort de son père qu'il n'est peut-être pas celui qu'il croit être et va entamer une recherche de mémoire. Tout ceci remonte aux abominations du Vel d'Hiv et à une naissance inopportune...
Le Cheptel est a priori un thriller industriel avec son obligatoire femme-flic et son équipe sortie d'une série télévisée, sa méchante psychopathe révélée sur le tard, son action en dialogue, ses références à la Seconde Guerre mondiale. Faut dire que le roman de Céline Denjean a tout ce qu'il faut pour alimenter les têtes de gondole. Sauf qu'il y a ici un peu plus de recherche que dans le polar populaire de base. D'abord, on passe de la première personne (Louis Barthes, narrateur touchant dont les pages témoignent d'un niveau d'écriture étonnant) à la troisième et même la seconde, artifice permettant de toujours connaître le point de vue malgré le nombre de personnages. Ensuite, si le thème des émules des Chasses du comte Zaroff, métaphoriquement de plus en plus pertinent aujourd'hui, n'est pas neuf (on pense au Chiens de sang de Karine Giébel), il n'est là qu'un déclencheur pour découvrir cette étrange secte à la logique interne aussi implacable que malsaine — et surtout les ravages qu'elle commet dans l'esprit de deux adolescentes confrontées à la réalité. On regrettera que l'auteur juge bon de citer ses propres références (le film Le Village de Shamalyan, c'est bon, on avait compris...) et surtout que six cents pages bien tassées, c'est long, surtout pour une action resserrée en dix jours. L'ensemble s'essouffle quelque peu dans sa seconde moitié, ce qui était dès lors prévisible. Voilà donc un texte coincé entre les impératifs commerciaux du roman populaire actuel et une certaine ambition littéraire qu'ont rarement les usineurs de "quelque-chose-de-pas-prise-de-tête-à-lire-dans-le-métro". Faut-il forcément choisir ? Là est la question dont nous nous réservons la réponse. Pour l'heure, Le Cheptel aura sans nul doute son cheptel de lecteurs.
Citation
Le cénotaphe... Tu détestes ce lieu autant que tu l'adores. C'est avant tout l'espace sacré dédié aux disparus des nombreuses rafles. Parce que ces enfoirés de Boches ne laissent jamais de corps derrière eux. Ils emportent leurs proies et nombreux sont ceux au cheptel qui pensent qu'ils s'en nourrissent.