Contenu
Les Tueuses en collants noirs
Grand format
Réédition
Tout public
Paris : Bach Films, octobre 2018
19 x 14 cm
Coll. "Nikkatsu"
Saké pastiche !
Réalisé en 1966 par les studios Nikkatsu, Les Tueuses en collants noirs, de Yasuhara Hasebe, est un pastiche léché des films noirs et d'espionnage américains. L'intrigue prend racine durant la Seconde Guerre mondiale, mais débute véritablement pendant la guerre du Vietnam couverte par le reporter de guerre Daisuke Hondo (Akira Kobayashi, acteur populaire du genre et qui a été de nombreux films de l'âge d'or des studios Nikkitsu), intrépide artiste qui virevolte au milieu d'un champ de mines inondé de feux d'artifice. Sur le retour, il fait la connaissance d'une charmante hôtesse de l'air, tellement charmante qu'elle lui a repassé son costume pendant le vol. Entre Yuriko (Chieko Matsubara, actrice reconnue pour sa plastique et qui a tourné dans plus de 115 films) et Hondo, c'est le coup de foudre ambiance strass et paillettes avec dîner aux chandelles et saké, costume blanc voyant, cheveux gominés et chaussures cirées pour l'un et longue robe blanche échancrée qui colle au corps pour mieux rendre compte de sa silhouette pour l'autre. C'est sans compter sur un sombre individu qui suit Yuriko, puis sur six Biowomen est collants noirs et soutiens-gorge de couleurs différentes, adeptes du lancer de couteau et de chewing-gum, tendance Cat's Eye. Difficile de faire le tri entre les gens qui vous veulent du bien et ce qui vous veulent... du mal. D'autant plus qu'il y a à la clé un trésor en lingots d'or, d'or de la guerre des habitants d'Okinawa. C'est sans doute pour ça que plein d'individus louches et au moins deux factions n'arrêtent pas d'enlever Yuriko et de filer des coups à Hondo. L'ambiance est très américaine. Costumes taillés à l'américaine, individus en lodens gris, tronches patibulaires occidentales, courses-poursuites en voitures américaines avec échanges nourris de coups de feu (Oscar du scénario pour la simili scène d'interrogatoire en plein milieu d'une baston avec le visage de Hondo sous deux lampes tenues par deux sombres crapules en imperméables et feutres), le tout dans un décor tout en lumières de la ville avec même écrit en toutes lettres "Chicago" sur un toit d'immeuble. Les situations incongrues se multiplient avec, il faut le noter, une certaine épure dans les scènes de bagarre. Très bien filmé, avec une très joli traitement de l'image et de la couleur, Les Tueuses en collants noirs se regarde très agréablement. Les dialogues peuvent virer à la truculence. Les situations absurdes pallient certains manques scénaristiques. Et l'on n'échappe pas au compte à rebours des tueuses qui meurent les unes après les autres dans un joli bain d'hémoglobine qui n'est pas sans rappeler ceux que l'on pouvait trouver dans Le Magnifique avec Jean-Paul Belmondo (les scènes avec hélicoptère sont dantesques). Comme si le Japonais avaient remplacé le Wasabi par le Ketchup, invasion américaine oblige. Tour à tour film de gangsters, film noir, film d'espionnage et film d'action, Les Tueuses en collants noirs est un bon pastiche du genre, qui se termine d'une très jolie manière, en en mettant plein la gueule. On en redemande !
Les Tueuses en collants noirs (87 min.) : réalisé par Yasuharu Hasebe sur un scénario de Ryūzō Nakanishi & Michio Tsuzuki. Avec : Akira Kobayashi, Chieko Matsubara, Mieko Nishio, Kozue Kamo, Satoko Hamagawa, Akemi Kita, Archie Hays...
Bonus "Les Tueuses en collants noirs", une présentation par Pascal-Alex Vincent. "La Nikkatsu Action", par Julien Sévéon. Entretien avec Marc Caro.