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Réédition
Public averti
The Night of the Generals - 1967
François Guérif (présentation)
Bertrand Tavernier (présentation)
Patrick Brion (présentation)
Paris : Sidonis, octobre 2018
1 DVD Zone 2 ; couleur ; 19 x 14 cm
Coll. "Classique de guerre"
La racine du Mal
En 1967, Anatole Litvak réalise un film à la confluence des genres particulièrement prenant avec des acteurs d'exception et un scénario à la causticité mordante signé Joseph Kessel et Paul Dehn. À la fois film de guerre, historique et policier, La Nuit des généraux retrace les actes de trois généraux allemands de la Wehrmacht de Varsovie à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1942 et 1944, soupçonnés par le major Grau (Omar Sharif) de meurtres de prostituées particulièrement horribles. Pour Grau, qui enquête alors que la Grande Histoire se joue et que des millions de morts s'égrènent au fil des jours sur les champs de bataille mais aussi en milieu civil, le coupable doit être coûte que coûte arrêté. Grau est un homme droit qui n'hésite pas à parler de justice absolue nécessaire en temps de guerre. Il a une philosophie de vie à laquelle il tient plus qu'à sa propre carrière. Un humanisme prégnant qui attire la sympathie du spectateur amplifié par les sourires parfois narquois d'Omar Sharif (Le Docteur Jivago). Face à Grau, trois généraux aux pantalons d'uniforme à la bande verticale rouge (aperçue par un suspect sur le lieu du meurtre de la prostituée polonaise à travers la porte de toilettes sur un palier d'étage). Von Seydlitz-Gabler (Charles Gray, Blofeld dans Les Diamants sont éternels) est un soldat de carrière, politique avant tout. De ceux qui ne veulent aucunement se mouiller. Kahlenberg (Donald Pleasence, Blofeld dans On ne vit que deux fois et surtout le faussaire dans La Grande évasion) est un homme de conviction, quelque peu humaniste, qui manie allègrement les sarcasmes. Enfin Tanz (Peter O'Toole, Lawrence d'Arabie) est un nazi par ailleurs héros de la bataille de Leningrad, aux allures martiales et qui véhicule une rigueur protocolaire de façade qui cache un alcoolisme maladif et des angoisses terribles. On retrouve la même folie dans les yeux de Peter O'Toole quand il observe l'autoportrait de Vincent Van Gogh au musée du Jeu de Paume que quand il charge les Ottomans dans Lawrence d'Arabie. Sans surprise, c'est lui le coupable telle une allégorie du Nazisme qui cache l'horreur derrière un vernis policé. L'enquête est racontée à travers deux fils narratifs pendant et après la guerre. Surtout, il y a deux histoires qui viennent s'y mêler. Une histoire d'amour devant l'horreur de la guerre, tout d'abord, entre Ulrike von Seydlitz-Gabler (Johanna Pettet, le pastiche Casino Royale) et le caporal Hartman (Tom Courtenay, La Solitude du coureur de fond). Une histoire de camaraderie naissante entre le major Grau et l'inspecteur Morand (Philippe Noiret, Le Vieux fusil). Ce dernier résoudra l'enquête après la guerre alors qu'il a quitté la Police Judiciaire parisienne pour Interpol en souvenir de son camarade. Film qui remet l'individu au centre de la guerre, qui développe des thèmes humanistes et historiques (du ghetto de Varsovie à l'attentat manqué contre Hitler en passant par la division SS Nibelungen, aussi appelée le marteau de Thor), La Nuit des généraux vaut surtout par son jeu d'acteur au flegme très britannique (y compris pour Philippe Noiret), par son scénario aux dialogues incisifs et par l'intensité dramatique qu'il dégage.
La Nuit des généraux (148 min.) : réalisé par Anatole Litvak sur un scénario de Paul Dehn et Joseph Kessel d'après les romans de James Hadley Chase (La Culbute et Die Nacht der Generale de Hans Hellmuth Kirst. Avec : Peter O'Toole, Philippe Noiret, Omar Sharif, Tom Courtenay, Donald Pleasence, Johanna Pettet, Charles Gray...
Bonus. Bande annonce. Présentation de Patrick Brion. Présentation de François Guérif. Présentation de Bertrand Tavernier.