Contenu
Tous les Mayas sont bons
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Bondil
Paris : Rivages, novembre 2018
400 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-4551-9
Coll. "Noir"
Les Aztèques sont cuits
Voici donc un roman de l'inimitable Donald Westlake qui était passé sous les radars des éditeurs français. Peut-être parce qu'il n'appartient pas à l'une des séries qui ont fait sa célébrité. Il s'agit d'ailleurs d'un one-shot même s'il reprend des thèmes connus de l'auteur, en employant un ton ironique que les amateurs connaissent bien. Ici, tout commence avec un sympathique escroc qui a décidé de profiter de la crédulité et de la volonté de lucre des collectionneurs américains. Installé au Belize, Kirby, avec l'aide de la population locale, a construit un faux temple maya qu'il présente à des antiquaires avides d'obtenir des pièces archéologiques de grande valeur pour une vente discrète aux &Eacut;tats-Unis. Évidemment, ce sont les populations locales qui fabriquent en direct les artefacts mayas. Mais les choses ne vont pas tarder à se compliquer pour Kirby. Il a si bien vendu son concept dans les endroits chics de New York que deux équipes de candidats arrivent en même temps pour visiter le temple. En plus, durant sa campagne publicitaire, il a éveillé l'attention d'une archéologue qui a réussi sur des photos aériennes à voir les traces de ce "vrai" temple, et elle vient donc aussi pour voir ce qu'il en retourne. Comme l'arrivée de la jeune femme va lever d'autres questions chez d'autres personnes sur les possibles pyramides mayas, tout s'accélère.
Comme on le pressent, chaque événement et sa tentative de résolution entraînera d'autres événements que les personnages tenteront de dépasser, tout en étant à chaque fois dépassés par les dits événements. Du coup, ça génère des quiproquos, des chassés croisés, une ironie distante. Kirby fait, par exemple, croire aux différents acheteurs potentiels que les autres acheteurs sont là pour des activités mafieuses, et chacun voit dans les gestes anodins des autres des preuves manifestes de leur vilenie criminelle. Lorsque l'archéologue se trouve sauvée dans un village indigène, elle ne comprend pas qu'il s'agit en fait de l'endroit où justement l'on fabrique les faux artefacts pour le faux temple. Quand, en plus, un pays voisin essaie de profiter de la situation pour lancer une tentative d'invasion du Belize, et que ce sont Kirby et ses objets archéologiques qui parviendront à empêcher l'invasion, la farce atteint des moment intelligents, fins, voire voltairiens. Cette histoire et ces bons moments se diluent au sein d'une intrigue légère et où l'on sent bien que Donald Westlake s'amuse mais sans trop y croire. Il ne resserre pas énormément les boulons de son intrigue qui se révèle être un innocent pastiche, un divertissement sympathique, comme pouvait l'être L'Homme de Rio, le film de Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo. Mais le talent de l'auteur, grand faiseur et manieur de personnages, fait passer le roman de manière agréable. C'est donc un roman de Donald Westlake un peu mineur, à l'intérieur de sa bibliographie, mais encore bien supérieur à nombre de thrillers qui nous envahissent. Une curiosité en somme assortie d'un agréable moment de lecture.
Citation
En fait, le malaise évident de Lemuel, quand elle avait mentionné le vol d'objets d'artisanat, le confortait simplement dans sa conviction que cet homme était assurément un client potentiel.