Contenu
Agata. 1, Le Syndicat du crime
Grand format
Inédit
Tout public
88 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm
Crimes et débit
On connait l'élégance graphique d'Olivier Berlion. Avec Le Syndicat du crime, premier volet de sa nouvelle série "Agata", le dessinateur et scénariste nous plonge dans les années 1930 entre Chicago et New York, et nous fait revivre les années "romantiques" des grands gangsters de l'époque. Ce premier épisode mêle assassinats (et trahisons multiples), ascension irrésistible de Charlie "Lucky" Luciano, corruptions et politiques (avec l'élection programmée de Roosevelt sur fond de New Deal), que ce soit dans les salons feutrés des hôtels de luxe que dans une petite entreprise de cimenterie tenue par des Polacks. En parallèle, nous suivons avec intérêt l'arrivée impromptue d'Agata Lietewski, une jeune étudiante de dix-neuf ans, pianiste émérite, qui a du fuir la Pologne car elle était sur le carnet de rendez-vous d'une faiseuse d'ange. Elle a avorté, mais elle fait un malaise dès son arrivée, elle aura toujours des tiraillements au ventre, et trouvera une chambre et une place dans un petit bar de Chicago, tenu par un ami de son oncle. James, le tenancier, est un ancien boxeur qui entretient encore quelques liens (distendus) avec la pègre (il a un revolver qu'il garde dans le tiroir de son comptoir). Sans le vouloir, ni même le savoir, lui et Agata vont se retrouver au milieu d'une guerre du crime amenée par la création du Syndicat (sur un modèle d'entreprise capitaliste) et d'appels d'offre véreux pour la construction d'une digue portuaire. Ce premier volet (excellent mais frustrant !) est surtout l'occasion pour Olivier Berlion d'installer ses personnages. On en dénote trois importants : Lucky Luciano, le gangster intelligent et ambitieux quoique certain de tomber un jour ; Agata, l'émigrée polonaise, ravissante blonde mélancolique aux yeux clairs ; James, celui qui tient le bar, un homme légèrement ténébreux et solitaire qui ne s'en laisse pas compter. Autour d'eux gravitent énormément de personnages secondaires même si nombre d'entre eux ne finissent pas cette bande dessinée. L'auteur prend un malin plaisir à mettre à mal le code éthique du crime et de ses habitudes à la Cosa Nostra en montrant un rouage autant calculé qu'hypocrite : on ne tue pas un homme dont on souhaite prendre la place, mais on le fait tuer et on conserve les apparences et les mains propres. Olivier Berlion fait preuve d'un dessin lumineux quoique classique, mais surtout éminemment méticuleux. Tout est dans le détail de ces gratte-ciels ou de la statue de la Liberté. On devine qu'il a été excellemment bien documenté que ce soit pour les costumes d'époque que pour les voitures. Et puis il y a cette musique qui swing que Pete, le fils de l'oncle cimentier d'Agata, ne cesse de jouer sur son banjo. Les gangsters des années 1930 ont la peau dure, et ont conservé une certaine aura. La bande dessinée d'Olivier Berlion est une bande dessinée qui fait se confronter une certaine indolence (à défaut de pureté) à la pire des violences. Il ne reste plus qu'à attendre la suite... (prévue dans un an...)
Illustration intérieure
Citation
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