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Grand format
Inédit
Tout public
212 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-918634-45-4
Coll. "Borderline"
La terre ment parfois
À la Brogne, lieu-dit de la commune des Verghères-sur-Arzon, on ne plaisante pas avec les bêtes, ni avec la terre d'ailleurs. Aussi, lorsque l'on assassine les chèvres d'un éleveur, Jean-Stéphane Dubourg, un original sans histoire, la gendarmerie de Saint-Sauveur appelle à la rescousse la commandante de police Cécile Florac. Elle découvre que les bêtes ont été exécutées avec un pistolet spécialement conçu à cet effet, répondant au doux nom de Matador, et que des graffiti menaçants ont été tracés sur l'habitation du chevrier, qui avait le malheur de ne pas être assez "local". Une affaire simple en un pays où tout le monde se connaît ? Pas tant que ça. Il apparaît que le malheureux chevrier a été l'objet d'une vraie campagne et de harcèlement par le passé... Et Dubourg était en conflit avec Jean-Paul Talhandier, ancien responsable FDSEA et conseiller municipal local. Un homme bien implanté dans la région, lui... De plus, on dépose chez les Dubourg un gâteau qui s'avère empoisonné à la mort aux rats. Puis Talhandier est retrouvé au bout d'une corde. Un suicide, fléau des campagnes ? Mais il apparaît vite qu'il s'agit d'un assassinat, et que le meurtrier a laissé des indices à foison – comme s'il ne cherchait pas a accréditer la thèse du suicide. Plus étonnant encore, il a pris la peine d'arrêter la pendule de la maison... Florac va devoir fouiller dans les secrets de ce pays où, dit-on, la terre garde le sang de leurs pères – mais alors qu'éclate une affaire autrement plus médiatique un peu plus loin, dans un village du nom de Tarnac...
Les éditeurs parisiens peuvent avoir tendance à mépriser les romans "du terroir" (à l'exception notable des Presses de la Cité), n'aimant le quart-monde que lorsqu'il est de l'autre côté de l'océan même si l'on observe un changement d'approche, les Français étant moins chers que les Américains. Ce premier roman de Jean-Philippe Monjot ne manque pas de charme. Il évoque la grande époque des polars ruraux de Charles Exbrayat, un auteur qui savait croquer ce petit monde avec ses qualités et ses défauts. Ancré dans sa terre, il est le témoignage de toute une mentalité d'un autre âge, tout en esprit de clocher, celle du conflit entre gens "du cru" et ces fameux néo-ruraux persécutés. En ce sens, sans déflorer, la résolution est particulièrement ingénieuse, car elle découle directement de cette mentalité qui semble ne guère avoir changé depuis La Terre d'Émile Zola. On aurait peut-être souhaité que le personnage central soit plus fouillé, mais l'auteur a un beau brin de plume et ne cèdee jamais à l'envie typique du premier roman d'en faire trop. C'est pourquoi ces Troubles dans le bocage cachent une belle surprise.
Citation
Ce sous-bois crépusculaire la plongea au milieu des ténèbres. La faute à ces conifères, à ces inextricables conifères sous qui rien ne pousse, qui retiennent tout, la lumière et le froid comme le temps qui s'écoule, la bruine et le silence des secrets enfouis ; ici, la nuit ne tombait pas du ciel, elle montait du sol.