Le Gamin des ordures

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Roman - Thriller

Le Gamin des ordures

Politique - Social - Mafia MAJ mercredi 24 avril 2019

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Julie Ewa
Paris : Albin Michel, janvier 2019
402 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-44012-9
Coll. "Spécial suspense"

Acteurs sociaux

Lina, l'un des personnages principaux de ce nouveau roman de Julie Ewa, a un grand cœur. Elle a vécu une aventure palpitante en Chine avec Thomas et est revenue pleine d'espoir. Mais la réalité française est plus morose. Alors qu'elle pourrait avoir une carrière confortable et et vivre aisément, elle préfère s'occuper de petits travaux et côtoyer les gens de peu. Elle va se retrouver confrontée à une situation horrible : la vie, ou plutôt la survie des roms, qui risquent la mort dans leur pays, entre les mafias qui les exploitent et les groupes d'extrême-droite qui les pourchassent. Ils n'ont d'autre choix que de venir en France où ils sont parqués, surveillés par des roms plus anciens et incapables de comprendre les façons de faire d'une société "moderne". Une famille vient justement de s'installer. Le père multiplie les petits travaux afin de pouvoir payer les dettes qu'il a contractées envers les passeurs. Les deux enfants aimeraient bien s'en sortir, mais le garçon ne comprend pas les codes de la vie française et confond par exemple les herbes pour soigner avec d'autres herbes que les jeunes de la cité qui longe le camp rom vendent le soir... Cela vaudra au jeune garçon des frayeurs et surtout à son père, battu par les dealers, une plongée dans le coma. En parallèle de la trajectoire française de cette famille qui croise la route de Lina et de celle de policiers qui veulent mener leur travail, le roman fait également un focus sur un chef mafieux gitan qui profite de cette misère, et d'un chef de parti fasciste qui entend les voir disparaître de son pays. Servi par une documentation rigoureuse, sans doute par une enquête de terrain ou auprès d'acteurs qui connaissent le milieu, Julie Ewa crée des fils, tisse des liens, passe avec justesse d'un personnage à l'autre, entre le petit expatrié, la femme d'un mafieu, un policier revenu de tout... Elle sait, sans appuyer, décrire une situation tendue ou évoquer sans manichéisme les bons et mauvais côtés des êtres qu'elle dessine. Rien n'est jamais totalement noir ou blanc, mais le résultat, narré au sein d'une intrigue qui tient très bien la route se laisse lire comme une histoire intelligente, sensible et forte, très réaliste et ancrée dans le monde contemporain.

Citation

Au fond, le rom savait qu'il avait très peu de chances de décrocher un emploi. Or même s'il devait urgemment rembourser le Camatar, il ne se voyait pas ramasser des métaux pour les revendre, ni accepter des offres de travail au noir avec le risque de se laisser exploiter par de vils mafieux roulant en Mercedes.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 24 avril 2019
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