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Je maudis le jour
Grand format
Inédit
Tout public
Sniper du vide
Léa Gillet est une libraire renfermée, anodine bien que jugée un peu bizarre. Or sous cet extérieur lisse se cache Léa Zemmar, son alter ego brûlant de rage rentrée, hantée par le souvenir de son père, ex-truand abattu en pleine rue. Un père qui lui a donné le goût des armes à feu avec lesquelles elle assouvit ses pulsions... Si une première enquête n'a rien donné, l'instinct de flic du commissaire Revel est formel : la libraire est responsable d'une tuerie au fusil de sniper commise en plein Paris, depuis l'un de ses ponts les plus fréquentés. Et pourtant, pas un seul témoin pour décrire la tueuse... Mais en apprenant que ses balles ont frappé un enfant, Léa commence a réévaluer sa croisade meurtrière : parce que l'on ne tue pas des enfants. Jamais. Pour Revel, une piste viendra peut-être de Nicolaï Stefanovic, qui est arrêté en portant le blouson d'une des victimes, trouvé dans une poubelle. Nicolaï l'ancien légionnaire qui a laissé une partie de son âme au Mali et qui depuis erre sans but dans les rues parisiennes... Nicolaï qui s'est donné une dernière mission : sauver Léa de la police et d'elle-même. Mais cette rencontre entre deux être fracassés peut-elle déboucher sur une rédemption ? Le remède risque fort d'être pire que le mal...
Je maudis le jour est un roman qui, une fois de plus, chevauche allègrement la frontière de plus en plus poreuse (et qui s'en plaindra ?) entre littérature dite "blanche" et celle estampillée "noire". Et ce par un textes certes âpre et noir comme l'encre, mais qui offre de véritables personnages. Bon, les auteurs font souvent semblant d'en mettre pour nous vendre leurs romans, mais là, la psychologie est au cœur du récit, sans jamais juger ces personnages obsédés, tant Léa par son père, Nicolaï par le drame qui l'a marqué ou le flic intègre par son désir de mettre fin aux tueries. De plus, Anna-Véronique El Baze a l'élégance de croire le lecteur assez intelligent pour assembler les quelques pièces manquantes en lui donnant les éléments nécessaires pour comprendre, ce qui est rare. S'y ajoute un style lumineux et précis qui rendrait jaloux bien des pseudo-littératureurs et une conclusion glaçante qui pourrait être un clin d'œil à un roman de David Goodis (dire lequel serait déflorer !), plus le fait qu'à deux cent vingt pages le bout, l'auteure n'étire pas son propos, et nous offre un roman tendu.
Citation
Engoncé dans un univers feutré et aseptisé, le légionnaire s'accroche à ses habitudes silencieuses de la rue. Il passe des journées entières le regard au loin, taciturne. Il a appris à vivre sans sa tête, immobile, à l'affût des agressions potentielles. Ici, pas d'imprévu, tout est neutralisé, sous un infernal et inquiétant contrôle.