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Roman - Policier

Dans l'ombre d'Anshoë

Ethnologique - Braquage/Cambriolage - Artistique MAJ lundi 01 juillet 2019

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Brigitte Joseph-Jeanneney
Paris : Cohen & Cohen, juin 2019
286 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-36749-061-8

Le masque et la plume

Alors que l'art tribal, et particulièrement les masques, pulvérise actuellement des records lors des grandes ventes aux enchères mondiales, Brigitte Joseph-Jeanneney a voulu traiter ce sujet dans un roman ambitieux. La quatrième de couverture est éloquente : "Magouilles lucratives côtoient secrets de famille et amours illicites. On se perd dans un univers de masques, blancs ou noirs : escroc-justicier, policier-assassin, sorcier-échassier." Oui, c'est vrai, on se perd dans ce roman dont la structure désarçonne. De plus, les personnages semblent trop symboliques. Ainsi, le héros, Ronald, est-il un amateur (blanc) de masques africains "qui ont marché", c'est-à-dire ayant servi aux cultes avant d'être abandonnés. Le roman s'ouvre sur son retour dans son appartement où il découvre Marlène, une probable maîtresse d'origine gabonaise, apparemment violée. Trois pièces de sa collection de statues et masques africains ont été volées. Marlène le supplie de ne pas prévenir la police et s'en va... L'action se situe à Paris en 1977 (donc bien avant le bond financier des "arts premiers"). Surprise : au chapitre 4, nous voilà propulsés dans le Gabon de l'année 1935 sur les traces d'un jeune Charles "engagé auprès du Consortium forestier et maritime des grands réseaux français. Une importante et riche compagnie, bénéficiant au Gabon depuis 1920 de concessions destinées à fournir à la métropole du bois pour les traverses et les wagons." Charles, qui est autant photographe esthète que forestier, va rencontrer la belle Anshoë au milieu d'un récit très documenté sur la vie dans ces comptoirs où l'on bâtit des villages pour que les ouvriers soient au plus près des chantiers. Rapide retour dans le futur à Paris pour suivre Marlène, puis nouveau bond dans le passé. Si l'on ne perd pas le fil (cette recette romanesque étant très utilisée surtout dans le roman dit "choral" où les narrateurs se battent pour prendre la parole), on perd quand même la motivation de suivre l'action. Bien sûr, les lignes vont se croiser : Ronald découvre plus tard des masques cachés dans le double fond d'une malle de son père (qui s'avère bien sûr être le fameux Charles que nous suivions dans le passé). Bonus : en sus des masques, Charles a laissé un journal de voyage ce qui donne lieu à un nouveau type de récit à la première personne, accompagnant la lecture de Ronald, et qui servira de catalyseur psy à Marlène, tout à la fin... "La polémique autour de la restitution des œuvres d'art s'incarne, frontale", prévient la quatrième de couverture. C'est donc un oncle de Marlène qui s'y colle, représentant le peuple d'origine réclamant les symboles de son passé. "L'œuvre appartient-elle aux descendants des artistes ou à ceux qui tel Picasso y puisent leur inspiration ?" interroge justement la quatrième de couverture. Oui, les clés du roman sont là mais tout ceci s'avère bien fouillis avec des dialogues un peu contraints par la documentation très présente. Sans doute à réserver pour les amateurs d'art tribal plutôt que de romans policiers ou d'aventure.

Citation

Rayonnantes, les statues Fang et Kota ont repris leur place sur les socles. Elles dialoguent avec le masque blanc et noir aux lèvres rouges qui fièrement s'exhibe sur la bibliothèque.

Rédacteur: Michel Amelin lundi 01 juillet 2019
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