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Roman - Policier

Joseph Vacher : le procès d'un tueur en série

Historique - Tueur en série - Procédure MAJ mercredi 25 septembre 2019

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Marc Renneville
Plombières-les-Bains : Ex æquo, mai 2019
152 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-37873-623-1
Coll. "Hors temps"

Il pleut, il pleut bergère...

Joseph Vacher, guillotiné en 1898 à vingt-huit ans, fut un grand tueur en série français. Surnommé le Tueur de bergères (ou de bergers) ou le Jack l'Éventreur du Sud-Ouest (il fut contemporain du serial killer londonien et tout aussi féru des entrailles répandues), il frappa dans les campagnes profondes, égorgeant, éventrant, mutilant et violant des garçons, des filles, des jeunes filles et même une vieille dame, soit une douzaine de crimes recensés. Chemineau capable de couvrir près de quatre-vingts kilomètres en une seule journée, il arpenta les régions françaises de la Normandie au Midi, échappant aux poursuites en évitant les routes. Marc Renneville, directeur de recherche au CNRS, spécialiste des sciences de l'homme et de l'administration de la justice, créateur de Criminocorpus, fait désormais partie de l'importante bibliographie consacré au tueur que l'on peut consulter sur Wikipédia.
Avant la parution en novembre aux éditions Millon de son deuxième opus sur le sujet consacré aux archives de l'affaire Vacher avec cent soixante illustrations, il s'est attaché au procès sous la forme d'un "roman historique". Marc Renneville nous présente son livre comme le récit inédit d'un journaliste présent à Bourg-en-Bresse du 26 au 28 octobre 1898, dates du procès. "L'auteur et la date de rédaction en sont inconnus. Il faut donc le lire comme une fantaisie historique" prévient Marc Renneville dans un avertissement. De fait, notre narrateur inconnu débarque dans la bonne ville et rencontre le juge d'instruction Fourquet (auteur lui-même d'un livre sur Vacher paru en 1931 chez Gallimard et réédité en 2007 chez Lucien Souny) qui lui vante la cuisine locale et les techniques agricoles de la région alors qu'ils se goinfrent d'une poularde au restaurant. Notre narrateur visite ensuite un monument à la gloire du général Joubert. Puis un autre... Tout ça doit être la "fantaisie historique". Heureusement, on entre enfin dans le vif du sujet. Et là, le narrateur s'efface complètement, laissant la place au procès en lui-même.
On ne saura dire combien Marc Renneville se montre intéressant dans son récit, en se focalisant sur les descriptions de Vacher qui hurle, gesticule, lit ses textes, appelle à Dieu, et vocifère qu'il n'est pas coupable mais malade. De fait, c'est le centre des débats : Vacher est-il un fou ou un simulateur ? En tout cas, il a avoué. Mais, grâce à une faculté assez sidérante d'auto-analyse, il se proclame innocent car non responsable de ses actes. Le voilà incarnation même du plus grand débat de la justice de l'époque où les scientifiques se déchirent sur la prédisposition sociale ou même physique au crime, sur le conscient et l'inconscient, et surtout sur la non condamnation de ceux dont le jugement est altéré lors de l'acte fatal. Vacher répète que son "mal" est le résultat cumulé d'une morsure de chien enragé, soignée par des potions de sorcier, et d'une balle restée dans sa tête après une tentative de suicide. Il a été interné plusieurs fois, et libéré comme guéri ce qu'il réfute avec vigueur. Devant un président qui ne veut entendre que l'accusation et qui refuse l'excuse de la folie pour guillotiner "le monstre", et alors que la foule hurle dehors, les joutes oratoires entre docteurs sont passionnantes et les interventions de Vacher stupéfiantes.
Reste que la forme de ce "roman historique" est assez indéfinissable. À quoi sert, finalement, ce faux narrateur journaliste ? Un artefact destiné à faire accepter des raccourcis, des résumés, un point de vue ? L'objectivité et le savoir de Marc Renneville auraient sans doute suffi, tant le procès est dramatique, à ce que sa voix soit au premier plan.

Citation

Il semble mégalomane et s'affuble d'oripeaux bizarres, puis il simule la folie religieuse ; puis il déclare entendre des voix célestes lui ordonnant de tuer, tuer encore. Tout cela, joint au manque de conviction de Vacher, suffisait à démontrer qu'on était en présence d'un simulateur, car le véritable aliéné ne discute même pas sa folie, il l'impose.

Rédacteur: Michel Amelin mercredi 25 septembre 2019
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