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Pension complète
Poche
Réédition
Tout public
200 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-7493-6
Coll. "Policier", 5096
Monsieur est Desservy
À travers des textes relativement courts et corrosifs à l'humour noir particulièrement mordant, Jacky Schwartzmann a commencé à se forger une œuvre littéraire intéressante. Pension complète, son dernier ouvrage en date, est du même acabit, et l'auteur règle quelque peu ses comptes avec les humains croisés ici et là dans de multiples vies. L'intrigue de ce roman débute, ce qui est peu usuel, au Luxembourg, avec Dino Scala, un gigolo qui vit une histoire avec une riche et vieille rombière. Histoire dont on ne sait réellement si elle est sincère ou pas, mais qui subit de plein fouet un heurt qui conduit notre gigolo à quitter le duché et à se retrouver solitaire, voire célibataire, dans un camping de La Ciotat après un nouvel accident de vie : la panne de sa voiture. C'est dans ce camping, où dès son arrivée un cadavre flotte dans l'eau, que notre héros malheureux fait la connaissance de Charles Desservy, un ancien Goncourt, qui flâne, écrit et drague, mais pas que. Les deux entament une relation amicale en tout bien, tout honneur. Relation qui va être quelque peu malmenée par les pulsions psychopathes de l'écrivain car ce dernier ne se contente pas de noircir des pages, il trucide à tout va ceux qui gravitent autour de lui malgré son côté artiste dandy poseur à la Ernest Hemingway. Pendant ce temps, la vie de Dino Scala suit son petit bonhomme de chemin entre allers et retours chez le garagiste, courses à pied avec un flic et soirées de bitures avec l'écrivain. Jusqu'au jour où il faut bien rentrer pour tenter de reconquérir la rombière. On retrouve dans le personnage de Charles Resservy ce qui a fait le charme de la série des "Contre-enquêtes du commissaire Liberty", de Raphaël Majan. C'est drôle, c'est frais, c'est froid, c'est énorme, mais surtout c'est jouissif. Et puis il y a ce style décapant et ce regard aigu posé sur la société. Jacky Schwartzmann semble se complaire à appuyer là où ça fait mal, et il y a dans l'Humain de quoi bien appuyer. Certaines situations sont certes incongrues, mais elles sonnent justes, et on se prend d'empathie pour son personnage de gigolo, qui est bien plus complexe qu'il n'y parait. Bon, le retour au Luxembourg accouchera dans un premier temps d'un happy end. Sauf que le héros a maintenant un ami à la vie, à la mort. Avec Pension complète, Jacky Schwartzmann nous convie à un road trip sanglant teinté d'un humour noir à toute épreuve. Et surtout il procure à son lecteur un pur moment de détente, et une envie irrépressible de fuir à jamais les campings et leurs touristes belges et hollandais.
Citation
Quel connard ce garagiste. Normalement ces mecs-là ne se suicident pas, ils n'ont pas le temps, ils sont trop occupés à percer les radiateurs ou à scier les directions en douce pour pouvoir les réparer et les facturer par la suite. Merde, quoi, j'étais tombé sur le seul garagiste à ne pas avoir un carburateur à la place du cœur.