Contenu
Pas de répit pour les cafards
Poche
Inédit
Tout public
Tristes afriques
Un bateau traverse la Méditerranée. À son bord quelques passagers clandestins attendent dans les cales. Soudain des portes s'ouvrent et l'on demande qu'un des passagers monte sur le pont : il s'agit non pas d'un expatrié économique mais d'un opposant politique, qui fit le coup de feu en son temps dans différents pays africains, et qui maintenant fuit avec des preuves de l'implication de certains mercenaires au côté de l'armée française dans le génocide rwandais (d'où la référence du titre : les cafards étant le surnom que les génocidaires donnaient à leurs victimes pour se donner du cœur à l'ouvrage). Ce que cet opposant ne sait pas, c'est qu'un de ses ennemis se trouve sur le pont. Il monte avec sa petite fille pour rencontrer l'un des planificateurs/exécutants du génocide. Heureusement, le capitaine du bateau parvient à convaincre le tortionnaire que le couple doit être laissé sur un canot à la dérive : ils mourront en mer ce qui sera plus simple.
Tandis que le couple est recueilli par un autre bâtiment, que l'opposant mourant a le temps de transmettre documents et de donner l'adresse d'un ancien ami de combat qui saura prendre soin de sa petite-fille, le premier bateau est arrivé à bon port. Mais le capitaine et son équipage sont tués et les passagers clandestins confiés à un dangereux personnage, "Gérard". La police enquête sur les meurtres qui soulèvent d'ailleurs de nombreuses questions. D'autres policiers suivent la piste d'un réseau de trafic d'êtres humains et sont sur le point de coincer Gérard et sa compagne Bubu. Pendant ce temps, le tortionnaire a appris que sa victime s'en était sortie : il doit retrouver les documents et liquider la seule témoin qui peut le faire plonger.
Court roman dans un format inusité, Pas de répit pour les cafards est à travers l'itinéraire de personnages disparates une autre façon de raconter les massacres qui ensanglantèrent le Rwanda des années 1990. Mais, face à une vérité officielle de plus en plus oppressante et lourde, il est utile de ne jamais baisser les bras et de ressasser combien la culpabilité de certains hauts dignitaires français est plus que probable. L'auteur parvient à nous en convaincre sans que jamais le texte ne vire ni au brulot, ni au tract. Avec une intrigue noire de bonne facture, où les mercenaires ont leur code de l'honneur et peuvent basculer dans un sens comme dans l'autre. Se servant d'une région qu'il connait visiblement bien (autour de Port-Vendres) et qui est un décor décrit avec soin, Gildas Girodeau suit ses différentes intrigues avec bonheur, présentant des personnages auxquels on s'attache : le marin qui doit prendre soin de la jeune fille qu'il a sauvée ; la policière bien embêtée car un voyou lui a volé son arme de service et s'en sert sûrement pour des actions peu recommandables...
Récit très rapide et rythmé dans lequel l'auteur évite agréablement certaines lourdeurs du genre, les pièges des blockbusters américains (on échappe à l'amour naissant entre les fugitifs ; les gentils ne gagnent pas forcément et ne survivent pas tous). Son histoire possède une fin grave (même si les cafards devraient se rebiffer comme il est annoncé) et, ma foi, poursuivre la route commencée avec ce volet neserait pas pour nous déplaire.
Citation
Hé toi le poulet tu te crois tout permis ? Tu entres ici et tu embarques les gens ? Tu crois que c'est si simple.