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Le Jardin des papillons
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nordine Haddad
Montesson : City, septembre 2020
350 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8246-1729-9
Coll. "Thriller"
Le jardin des supplices
Il est le Jardinier. Ses "papillons" sont les jeunes filles qu'il enlève et à qui il tatoue des ailes dans le dos, reproduisant les traits de chaque espèce avec un soin maniaque. Dans son jardin, les papillons vivent séquestrées en vase clos, sujettes à ses caprices sexuels et à ceux de son fils, et chacun(e) tente de se faire à cette existence captive. Parfois, l'une d'entre elles fait son temps, déplaît ou ne peut se résigner à cette vie, et se retrouve embaumée dans la résine. Un papillon a forcément une existence courte... Mais aujourd'hui, le Jardinier, son fils et son épouse ont été arrêtés. C'est à Irana, une des papillons, enlevée alors qu'elle fuyait une menace indistincte, de raconter ce qui s'est passé maintenant qu'elles sont hors de danger. Comment les papillons ont-ils été libérés ? Qui a brisé un cercle d'enlèvements et d'abus qui se perpétrait depuis vingt ans ?
Nous sommes en présence d'un roman qui accroche dès le début par un style largement supérieur au tout-venant du thriller industriel, non dépourvu par moments d'une certaine poésie, et avec un point de départ intéressant. Mais une fois que celui-ci est posé, le syndrome série télévisé frappe encore... Le tout vire à un soap-opéra consacré aux interactions de ce petit monde que n'aurait pas renié Chevy Stevens, spécialiste des enlèvements et des tortures physiques ou psychologiques — même si celles-ci se déroulent heureusement hors-champ. Comme dans toute histoire soumise à un seul point de vue, on s'attend à un retournement final digne du film trop oublié The hole, mais lorsqu'il vient, il n'est pas celui qu'on attend, et surtout s'avère peu clair et pose tout de même un drôle de dilemme moral (sans trop déflorer, la personne qui a fait libérer les papillons va être accusée de non-assistance à personne en danger pour avoir attendu de prévenir la police tandis qu'un autre personnage qui aurait pu le faire depuis bien plus longtemps est absous sans explications sinon que "on est toutes sœurs"). Du coup, ce final pousse à reconsidérer ce qu'on a lu précédemment : bien des éléments sur l'histoire de la narratrice semblent gratuits a posteriori et on n'en saura pas plus sur le Jardinier qui reste une ombre (on présume que c'est volontairement qu'il n'est jamais décrit, comme s'il était plus un archétype qu'un personnage — ce qui fait aussi peser un soupçon sur sa réalité qui n'est malheureusement jamais concrétisé), ni surtout l'imposante logistique nécessaire pour mettre en œuvre des séquestrations massives pendant des années sans que personne ne s'en aperçoive. Le terrain reste donc partiellement en friche, et c'est un peu dommage.
Citation
Certaines personnes brisées le restent. D'autres ramassent les morceaux et les recollent comme elles peuvent, mais des angles saillants pointent un peu partout.