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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün
Paris : La Martinière, février 2021
336 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7324-9708-2
Perdu dans les blizzards du Nord
Avec La Dernière tempête nous sommes en présence d'un curieux roman, suite à un curieux projet. Ragnar Jónasson a décidé de nous présenter Hulda, une héroïne, une policière, qui a vécu de sales moments entre le début de sa carrière, le milieu et sa fin, à quelques jours de la retraite. Mais, les volumes sont sortis en remontant le temps. Du coup, une partie de ce roman va se concentrer sur un événement personnel (qui va troubler sa vie dans les deux épisodes déjà parus et qui y sera détaillé) dont les lecteurs assidus connaissent déjà la fin. Mais cela n'a dû pas suffire à l'auteur qui centre son enquête principale de manière décalée. En effet, La Dernière enquête s'ouvre avec la découverte de deux cadavres et l'envoi de Hulda pour en savoir plus. Elle est bien embêtée car elle enquêtait sur une affaire étrange, celle d'une disparition quelques semaines plus tôt d'une jeune fille suivie de celle de son père, comme s'il avait été le coupable. En parallèle, comme pour couper tout suspense, l'auteur remonte deux mois dans le temps et nous présente la façon dont le tueur a opéré pour ce double meurtre, et nous aurons également des chapitres consacrés à la jeune fille disparue car, bien entendu, tout est lié. Si, au final, il y aura quelques révélations – notamment sur la façon dont s'enchâssent les différentes histoires –, La Dernière tempête est surtout à conseiller aux amateurs de Ragnar Jónasson (et il serait sans doute plutôt intéressant de les lire non dans l'ordre de parution mais dans leur chronologie interne). Le roman se laisse lire et les descriptions du froid, de la neige dans le fond des campagnes islandaises, la folie de certains personnages sont rendues de manière intéressante, ce qui incite par moment le lecteur à se poser des questions sur la réalité de ce qu'il lit, mais la façon de "noyer" le suspense dans des histoires emboîtées qui forment des puzzles dont on voit l'ensemble avant de regarder les détails peut perturber le lecteur lambda de romans policiers. Toujours est-il que ce livre contient des chapitres qui pourraient créer un suspense très fort (la neige, une tempête, un couple, et un inconnu qui frappe et s'installe chez eux ou une jeune femme qui se retrouve dans une sorte de gite pour écrire un roman et dont la propriétaire a un comportement de plus en plus étrange) mais ceux-ci sont installés à un endroit du livre inadéquat, comme un mauvais montage. À moins qu'il ne s'agisse là d'une volonté oulipienne, mais alors ça doit s'apparenter à de l'humour islandais.
Citation
Excuse-moi, Hulda, j'aurais dû être plus précis. Il n'y en a pas qu'une. La scène était apparemment assez effroyable, on ne sait pas précisément depuis quand les cadavres gisaient là-bas, sans doute, depuis Noël...