La Guerre invisible. 1, L'Agence

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Bande dessinée - Espionnage

La Guerre invisible. 1, L'Agence

Enlèvement - Infiltration - Scientifique MAJ mercredi 10 mars 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Frank Giroud
Paris : Rue de Sèvres, janvier 2021
56 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm

Le Caire : nid d'espions

Au Caire en 1951, des agents de la CIA engagent une course contre la montre pour retrouver un savant allemand et le convaincre de rejoindre l'équipe de Von Braun aux États-Unis. À cette intrigue classique d'espionnage d'après-guerre, que n'auraient pas renié Graham Greene et John Le Carré, s'ajoute une histoire familiale et sentimentale en abyme, qui nous plonge dans les affres des conflits et de leurs conséquences sur les populations civiles. Le scénario de "L'Agence", ce premier volet du triptyque La Guerre invisible concocté par le regretté Frank Giroud, prend pour décor un monde exotique propice à l'aventure qui n'est pas sans rappeler Les Aventuriers de l'Arche perdue. Une blonde magnifique, un brun ténébreux avec un bandeau sur l'œil droit et un enfant orphelin récupéré par sa "tante" forment une famille déracinée et rafistolée. L'enfant souffre de troubles du sommeil (il faut dire qu'il n'a pas été épargné par la guerre, tant par les Allemands que par les Russes) et se réfugie dans les souvenirs avec le dé à coudre de sa mère qu'il conserve précieusement. Il est instrumentalisé par ses "parents", et doit retrouver un enfant avec une cicatrice sur la cuisse dans l'école qu'il fréquente. Ce dernier est le fils du savant allemand Manfred Fürbringer, et c'est par cet enfant que les deux agents doivent remonter la piste qui les amènera à son père pour ou le convaincre, ou l'enlever. L'intrigue est très linéaire ce qui ne l'empêche pas d'être appréciable entre épure et machiavélisme avec un fond historique. On reste dans les quartiers occidentaux. Il y a du calcul, de la planification, de la trahison et de l'action. Surtout, on joue et se joue des sentiments. On découvre le portrait contrasté de Kathryn Ingelmann, femme espionne dotée d'une forte personnalité engagée dans une mission malgré elle et qui retrouve en Rudy, le jeune orphelin, son propre frère quand il était plus petit. Frère qu'elle finira par abandonner après avoir été contrainte d'abandonner Rudy. Le scénario de Frank Giroud, qui se conclue à la fois par un fin dure-amère et un rebondissement subtile quoique logique, bénéficie du dessin tout en finesse et stylisé d'Olivier Martin, qui privilégie l'arrière-plan à ses personnages au risque de ne pas trop s'attarder sur leurs traits physiques. La mise en couleur de Gaétan Georges magnifie l'ensemble et lui confère un aspect passéiste fort à-propos. Avec ce premier volet de La Guerre invisible, les auteurs placent la guerre froide sur un continent peu habituel (on se rappellera l'Afrique du Sud dans Le Facteur humain de Graham Greene adapté par Otto Preminger et aussi OSS117 : Le Caire, nid d'espions avec Jean Dujardin), mais on le voit avec toujours du côté de ceux qui jouent à l'espionnage les mêmes ressorts. Brillant, sobre et efficace ! On attend évidemment la suite...

Illustration intérieure


Citation

Pour moi, le communisme à la sauce stalinienne n'est rien d'autre qu'un fascisme rouge qui menace d'envahir le monde ! Contre lui, l'Amérique est le seul rempart fiable. L'Amérique, son armée... Et surtout sa Central Intelligence Agency. Peu importe les moyens utilisés par celle-ci.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 09 mars 2021
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