Contenu
Un dernier ballon pour la route
Grand format
Inédit
Tout public
Fleur de zinc
Freddie Morvan a une spécialité, se faire virer. Se faire virer par Marilou, son grand amour qui lui a préféré son ami Virgile de Larochelière, ce qui l'a poussé à finir à l'armée, puis à la police, puis dans une boîte de sécurité dont il se fait virer avec son ami Didier, cent quarante kilos et pas toutes ses dents, ni ses neurones, alors qu'on lui retire même le droit d'exercer comme détective privé. Et comme chacun sait, lorsqu'on ne trouve sa place nulle part, il y en a toujours une au bar... Mais les deux marginaux sont désormais en mission : Virgile a contacté Freddie après huit ans de silence. Il veut le charger de retrouver Romane, la fille qu'il a eu avec Marilou, et qu'il n'a plus la santé d'aller chercher lui-même. Romane enlevée par leur ennemi d'enfance Jérôme Hinault, en conflit immémorial avec les La Rochelière, qui confirme à Freddie que Marilou est morte et enterrée. Après un assaut musclé, voilà nos deux monstres chargés de deux fillettes, Romane et une fille noire du nom de Lily-Prune récupérée au passage. Mais ramener les gamines à leur famille légitime ne sera pas de tout repos, entre un docteur sosie de Johnny qui se fait appeler Doc Halliday et officie dans les toilettes d'un supermarché, un obsédé de Francis Cabrel et des tueurs en série qui exterminent de malheureuses vaches qui ne leur ont rien fait. Freddie Morvan va se retrouver face à un passé pas si éloigné, mais encore douloureux entre deux tournées de tout ce qui se boit...
Il est risqué de présenter un auteur comme "nouveau prodige", tant on nous a vendu des starlettes surtout douées pour avoir leurs entrées sur les plateaux télé. En fait, ce roman de Benjamin Dierstein pourrait avoir une origine hybride : le critique paresseux citera bien sûr Charles Bukowski, une des dix références qu'il est toujours du dernier bon ton de glisser dans la conversation (à défaut de l'avoir lu), les amateurs évoqueront d'autres racines comme l'œuvre de Pierre Pelot pour ses personnages, le Pierre Siniac déjanté des "Luj Inferman et la Cloduque" (auxquels nos deux monstres font penser), les films d'errance des années 1970 dans ces décors de banlieues tristes, de supermarchés cafardeux et de cambrousse dégénérée dont Les Valseuses est à la fois l'épitomé et la critique, sans oublier leurs héritiers que sont les acides Gustave Kervern et Benoît Delépine. Le tout est d'un picaresque revendiqué et assumé, presque une forme de collage de vignettes toutes plus surréalistes que les autres, parfois très violentes, cherchant plus l'hénaurme qu'un quelconque réalisme : au moins, on ne pourra reprocher à Benjamin Dierstein de céder au ronron habituel pour têtes de gondoles. Cela dit, quatre cents pages, c'est parfois long et si on ne s'ennuie pas, ce parti-pris devient un peu systématique, d'autant que l'extrême conclusion retombe dans un certain classicisme. Reste l'écriture, aussi soignée qu'elle s'efface devant le propos, faisant penser à un François Ravalec sous amphétamine. On se demande cependant quelle sera la réception de la critique salonnarde sérieuse qui en général adôôôre ce quart monde siiiii pittoresque du moment qu'il est LOIN. Sale affaire...
Citation
Mado était derrière le bar, belle comme une baraque à frites, avec des cheveux si gras qu'on aurait dit des saucisses, des lèvres tartinées de rouge et suffisamment de fond de teint pour lui faire un masque. Elle avait les joues qui pendaient, les rides qui pendaient, les seins qui pendaient, tout qui pendait, comme si chaque partie de son corps était irrésistiblement attirée par le sol.