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Inédit
Tout public
Traduit du suédois par Isabelle Piette
Rodez : Le Rouergue, avril 2021
330 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-8126-2168-0
Coll. "Noir"
Lorsque le passé veut refaire surface
Daniel et Sonja forment un couple de suédois dont les enfants ont grandi. Ils ont l'impression que leur vie a perdu son sens. D'ailleurs, Sonja a même essayé de rencontrer un nouvel amour qui s'enlise. Du coup, lorsque la carrière de Daniel prend de l'aile, ils décident de vivre une seconde chance. Ils achètent en Bohème un ancien domaine viticole, qu'ils entendent restaurer pour produire du vin. Mais alors que les travaux commencent, voilà que l'on découvre le cadavre momifié d'un enfant dans les caves. Un cadavre dont le costume laisse entrevoir qu'il avait un brassard blanc, le brassard des Allemands des Sudètes... Un vieux jardinier pourrait peut-être en savoir plus. Tandis que les démons de la violence reprennent Daniel, d'étranges personnages rôdent autour de la maison. Les gens du coin ne veulent pas parler de cette histoire. Et même si Prague n'est pas proche, l'ambiance de Franz Kafka pèse...
Dans les polars scandinaves, il y a toujours une pesanteur et une noirceur. Les écrivains suédois peuvent changer d'endroit, se retrouver dans un joli domaine viticole, où poussent de superbes roses, où leur personnage a le désir de se reconstruire une nouvelle vie avec la femme qu'il aime, eh bien, ils transforment la donne : la vigne donne une piquette infâme, la police politique communiste est encore là, des restes de pogroms de la Deuxième Guerre mondiale stagnent encore dans les mentalités et, sous prétexte d'aller acheter un miroir, la belle va rejoindre son amant pour un week-end dans la capitale, moment dont profite le mari pour se retrouver avec une inconnue mourant dans la propriété. C'est à vous dégouter de vouloir être tranquille et de changer d'air... En tout cas, La Maison sans miroirs poursuit cette atmosphère de noirceur avec des personnages hantés par leurs erreurs et leurs trahisons, et des seconds couteaux qui veulent cacher un lourd passé. Le tout est servi par un style qui s'appuie sur le glauque, sur le désespoir, sur les non-dits, sur les images chocs (comme cet enfant momifié par la sècheresse des caves) pour créer une atmosphère noire et gothique, où le lecteur comprend les secrets plus qu'ils ne lui sont explicités. Tove Alsterdal nous propose un roman rude construit avec soin.
Citation
De l'obscurité n'émergent d'abord que des lits. Puis les corps étendus, comme les collines et les vallées d'un paysage. Un visage, sur lequel se pose soudain le frêle rayon de lumière qui volette dans la pièce.