L'Eau rouge

À présent qu'elle avait passé le point de non-retour, elle était évidemment prise de doutes. Mais quant à son désir de mourir, qui était inéluctable. Mais avait-elle raison de croire que sans elle, sa fille pourrait grandir en toute sécurité ?
Sebastian Fitzek - L'Accompagnateur
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Contenu

Roman - Noir

L'Eau rouge

Ethnologique - Disparition - Guerre MAJ mercredi 07 juillet 2021

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Jurica Pavicic
Crvena voda - 2017
Traduit du croate par Olivier Lannuzel
Paris : Agullo, mars 2021
358 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 979-10-95718-77-2
Coll. "Agullo Noir"

Actualités

  • 10/09 Prix littéraire: Lauréats des Trophées 813 2022
    Cela faisait longtemps que la date fatidique avait été annoncée - c'est désormais chose faite : le palmarès 2022 des Trophées 813 a été proclamé le samedi 10 septembre à la Bibliothèque des littératures policières, sise rue du cardinal-Lemoine à Paris.
    Selon la dépêche publiée le jour même sur le blog des Amis des littératures policières, cent cinq bulletins ont été dépouillés.
    Et de ce dépouillement émergent des lauriers bien mérités...

    Trophée du meilleur roman francophone
    Solak de Caroline Hinault (Le Rouergue, "Rouergue noir").
    Trophée Michèle-Witta
    L'Eau rouge de Jurica Pavicic (Agullo).
    Trophée Maurice-Renault
    Le Goût du noir dans la fiction policière contemporaine, dirigé par Gilles Ménégaldo et Maryse Petit (Presses universitaires de Rennes).
    Trophée de la meilleure BD
    Sangoma. Les damnés de Cape Town de Caryl Férey et Corentin Rouge (Glénat).
    Trophée du meilleur recueil de nouvelles
    L'Homme aux doigts d'or de Marc Villard (Cohen & Cohen).
    Liens : L'Homme aux doigts d'or |Caryl Férey |Marc Villard |813

Dans les remous de l'Histoire

En septembre 1989, il y a plein de certitudes dans la Yougoslavie héritière du général Tito et sur la côte dalmate. On essaie de vivre, de grandir, de s'aimer. Soudain, Silva, dix-sept ans, se rend à une fête en soirée, mais le lendemain, elle n'est pas rentrée. Une disparition inquiétante au bout de quelques heures et l'inspecteur Gorki commence une enquête. Mais rien, aucune trace. Un jour, une jeune femme dit qu'elle l'a croisé alors qu'elle prenait des billets de bus. Seule sa famille a du mal à croire qu'elle a juste fugué. Très vite, cette affaire ne soulève plus de vagues, car les convulsions historiques et politiques de la Yougoslavie se transforment en une guerre civile qui rebat les cartes. Tandis que Gorki quitte la région, que les témoins qui pourraient avoir des informations s'engagent dans l'armée ou s'exilent, les populations ont bien d'autres occupations que le sort d'une jeune ingénue, dont les rumeurs disent qu'elle n'était pas si ingénue que cela. Seuls ses parents, maintenant divorcés, et son frère, continuent à espérer. Le temps passe, la guerre se termine et il faut reconstruire dans un nouveau cadre, mais il reste toujours cette blessure...
Ce récit raconte à la fois, de manière imbriquée, l'histoire personnelle d'une famille (qui essaie de découvrir la vérité, au milieu des fausses pistes, des informations qu'il faut vérifier tout en travaillant), les trajectoires des personnages qui doivent s'adapter aux vicissitudes de l'histoire, au parcours chaotique des carrières et des amours. Pourtant reste toujours en filigrane la disparition de Silva et les questions qu'elle pose. Il y aura bien au final une résolution, amère et sombre, qui montre que toute la vie du village a été sans doute autant perturbée par la jeune fille disparaissant que par les soubresauts politiques et la guerre civile. Plusieurs personnages prennent tour à tour au fil des chapitres une importance puis s'éloignent comme dans la "vraie" vie. Il subsiste des traces qui ne s'estompent pas et la petite ville qui transforme ses ruines de casernes yougoslaves en résidence ultra chic pour les touristes en mal d'exotisme n'est qu'un symbole qui se rejoue plusieurs fois dans le roman, pour présenter un récit ample et prenant, construit de manière forte, où les rapports entre les destins des personnages, celui de la Nation et les convulsions du monde, sont décrits de manière évocatrice et intelligente. Premier roman noir traduit du croate, L'Eau rouge, de Jurica Pavičić est une très belle réussite.

Citation

Il lui tend la feuille et Vesna la saisit en tremblant comme si elle prenait dans ses mains l'ostensoir sur le tabernacle. Elle contemple ce bout de papier couvert de l'écriture de Mate comme s'il s'agissait de la preuve tangible, indiscutable du fait que Silva est vivante. Elle s'assoit, terrassée par l'émotion.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 20 juin 2022
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