Contenu
Éclats d'Éros sous Covid-19
Grand format
Inédit
Tout public
120 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-918634-56-0
Coll. "Borderline"
Liaisons dangereuses
En temps de Covid, quoi de plus naturel que de trouver un semblant de contact sur Internet ? C'est ce que tente Christophe Picard, soixante-cinq ans, retraité de l'Éducation nationale, habitant Montreuil. C'est ainsi qu'il se retrouve à écumer les sites de rencontre sans trop d'illusions : ce n'est pas à son âge qu'on trouve l'âme sœur et il connaît toutes les arnaques pullulant sur ces sites. Et pourtant, il se retrouve happé dans une conversation avec Laura, une étudiante en droit et dessinatrice amatrice de vingt-deux ans habitant Yport, soit bien loin de son 93. C'est sous l'instigation de la jeune femme que la conversation prend des détours plus érotiques, bien qu'il sache qu'elle ne peut déboucher sur rien de concret. Elle lui arrache l'impensable, soit une rencontre bien réelle, lorsque soudain, Christophe Picard se fait embarquer par la police. Laura a été assassinée, et pour les pandores, il fait le suspect idéal, d'autant qu'il a laissé bien des traces de sa présence à Yport. Mais il s'obstine à nier. Et d'abord, qui était vraiment Laura, fleur virtuelle a l'existence trop réelle ?
On n'attendait pas vraiment les prévisibles romans autour du Covid et, cependant, cette longue nouvelle d'un écrivain confirmé ne se contente pas de l'accessoire. En cette époque de virtuel, à travers ce qui aurait fait un de ces banals fait divers que l'on trouve dans les pages des journaux (numériques ?) que personne ne lit, il questionne plutôt notre rapport avec le réel et ces avatars informatiques qui s'y substituent. Nul doute que le David Cronenberg du visionnaire Vidéodrome y aurait vu une prolongation de sa réflexion sur le rapport à l'image maintenant que la télévision est supplantée par le virtuel... Il y a aussi du Choderlos de Laclos dans les minutes de cette correspondance érotique sans tomber dans la vulgarité qui occupe la moitié du récit. Une histoire simple que Christian Cogné narre avec un style magnifique, lumineux et maîtrisé qui rappelle qu'il a également publié de la poésie. Inutile de dire qu'il y a plus de littérature dans cette "petite" histoire presque banale (son traitement ne l'est pas, lui), qui s'étire sur cent dix pages alors que dans bien des pavés la même intrigue s'écroulerait sous leur propre poids...
Citation
En bas de l'immeuble, une voiture de police l'attend, il entrevoit par-dessus la portière les groins carapaçonnés de cuir et de métal qui montent dans un fourgon comme des figurines dont on ne se sert plus et qu'on range dans une boîte.