Contenu
Le Printemps des maudits
Grand format
Inédit
Tout public
348 p. ; illustrations en noir & blanc ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-35720-594-9
Massacres programmés en Provence
Nous sommes en Provence, en 1545. Un jeune noble, Arnaud de Montignac, officier de son état, est envoyé par la sœur du roi François Ier pour comprendre ce qui se passe dans le sud auprès d'un seigneur qui est de ses amis. Officiellement, il lui apporte des lettres. En route, il est pris dans une violente tempête, son cheval se cabre et fuit, son domestique disparait dans les trombes d'eau et il se blesse à la tête. Il est alors recueilli par Martin Jaume, un paysan local, qui le soigne. Ce paysan a une fille et c'est le coup de foudre entre les deux jeunes gens. Rapidement, Arnaud comprend que la famille descend des vaudois, sorte de version protestante du christianisme, à l'époque pourchassée pour hérésie. Pourtant dans ce coin de Provence, les vaudois sont tolérés car ce sont eux qui ont remis en état les terres cultivables, et qu'ils paient leurs taxes (ce qui satisfait les seigneurs locaux). Avec la montée des protestants, ce statu quo est remis en cause, principalement par l'homme fort du coin, le baron d'Oppède, qui veut en profiter pour détruire sa voisine, une puissante veuve noble, avec qui il est en conflit larvé. La guerre se déclare pour extirper l'hérésie, en utilisant des soldats lourdement armés et des mercenaires contre des paysans... Arrivé chez le seigneur, Arnaud s'inquiète pour sa belle et retourne dans la montagne. Là, il découvre les parents Jaume morts, et sa bien-aimée a disparu. Alors que les hordes de soldats rôdent, il va essayer de la retrouver.
Exprimons tout d'abord un petit détail. Dans un souci louable, Jean Contrucci nous offre un prologue pour situer historiquement les faits, mais si l'on veut garder un peu de surprise et de "suspense", il vaut mieux ne pas le lire, et le conserver en guise de postface. Sans être des experts en guerre de religions, les lecteurs comprendront quand même le cadre de l'histoire. S'appuyant sur une documentation solide, l'auteur se sert de celle-ci pour nous raconter un épisode réel de l'histoire de France. Il introduit des personnages inventés au milieu de ceux plus historiques afin de donner de l'épaisseur, de rendre du vivant. C'est très classique avec des amours contrariées et des rivalités entre familles. L'arrivée de Paris d'un noble permet que les autres personnages acteurs du drame qui se noue lui présentent les faits et les différents événements. Et tout cela d'autant plus que le personnage est censé tout comprendre pour pouvoir en rendre compte à sa protectrice. Le récit est bien amené, rendu avec vivacité. Au centre de l'intrigue historique, il y a comme une sorte de petite enquête pour comprendre qui a tué les Jaume et où a pu être cachée la jeune fille. Alexandre Dumas disait, paraît-il, qu'on peut violer l'histoire pour lui donner un bel enfant (pas sûr que cette analogie fasse aujourd'hui sens), mais Jean Contrucci montre que ce n'est absolument pas nécessaire. On peut aussi lui faire une grande déclaration d'amour pour que ça fonctionne.
Citation
Les corps en décomposition que personne ne se souciait d'enterrer – animaux et humains mélangés- se rejoignaient dans une pestilence douceâtre. Une odeur de mort planait sur ce printemps maudit.