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Inédit
Tout public
Western cubain
En 2004, son premier roman, L'Ouverture cubaine (une novella rééditée en compagnie d'El Yunque, un texte inédit, sous le titre Cubaine trois ans plus tard) nous emmenait déjà dans l'île castriste en compagnie d'une nageuse exilée qui enquêtait sur la mort de sa sœur. Quelques obsessions de Franck Membribe pouvaient se déceler avec tout ce que l'insularité a de fantasmagorique. Havanaise semble être le pendant de Cubaine, deux textes qui peuvent ainsi se lire comme une sorte de yin et de yang. Il s'agit en effet de textes à la fois différents, opposés et complémentaires à commencer par les protagonistes des deux intrigues, une femme puis un homme. L'enquêteur amateur va ici être un homme, qui plus est français, qui découvre une île et va tomber sous son charme malgré le drame qu'il va subir. C'est un producteur de musique qui débarque un beau jour (le 31 décembre 2008) en compagnie d'Hervé, son associé. Ils doivent écouter des groupes de reggaetton, un genre musical venu des Caraïbes qui a explosé dans les années 2000. Ils ne viennent pas chercher la perle rare, ils viennent débusquer du commercial. Hervé, plus âgé, est peut-être bien un père de substitution pour Vincent. Mais Vincent ne connait pas Hervé. Dans un bar de La Havane, le premier soir, Vincent découvre qu'Hervé est un joueur de latin jazz franco-cubain d'exception, et que ce séjour à Cuba est comme un retour à la source pour lui. Mais surgit une dispute, et Hervé disparait dans la nuit. Son cadavre, lui, réapparaitra en pleine journée. Commence alors une enquête officielle menée par le policier Cabrera, avec un coupable très vite trouvé, puis Vincent, qui veut comprendre, suit une piste longiligne qui l'emmènera jusqu'au 13 janvier 2009 vers une autre vérité et d'autres contrées à la fois mémorielles et sensuelles tout en le mettant en danger.
Havanaise aurait pu être une aventure du "Poulpe" (à commencer par les titres de chapitre qui proposent quelques jeux de mots). Le roman en épouse les contours. Plus Franck Membribe nous emmène dans son intrigue, plus il prend ses aises et le décor prend forme. Si l'histoire se déroule pendant le cinquantenaire de la Révolution cubaine, il y a un hommage à la musique cubaine qui sous-tend le roman. Une ode nostalgique ainsi qu'une légère critique du système politique cubain. Surtout, il y a de la misère assortie d'une réflexion sur la paternité. Le roman n'est pas dur. Il nous fait défiler des personnages, certains sympathiques, d'autres pas ; certains de leur temps, d'autres pas. Sans manichéisme mais juste esquissés. Il y a un petit côté naïf, des envies d'aller vers la noirceur profonde mais qui sont vite exclues, et surtout une fin ouverte propice à tous les espoirs. C'est ça la nostalgie, camarade.
Citation
Je vais t'aider, visage pâle ! Mais va falloir être patient. Et tu vas d'abord m'offrir une bière, parce qu'il fait chaud.