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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Natalie Zimmermann
Paris : Belfond, novembre 2021
362 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-9576-1
Coll. "Noir"
Retour du Moyen Âge
Il y a huit siècles, une catastrophe indéterminée a mis fin à notre monde moderne, connecté, stérilisé, pour amener l'avènement d'un nouveau Moyen Âge. Et, bien sûr, l'Église en a profité pour reprendre la main sur ce monde et en refaire une théocratie despotique. En 1468 de cette nouvelle ère, le père Christopher Fairfax est envoyé dans un village isolé du nom d'Exmoor pour célébrer les funérailles du prêtre local, le père Lacy. Sauf que ce décès semble bien suspect... Mais pourquoi aurait-on assassiné le prêtre d'un obscur village tout au bout de nulle part ? Fairfax découvre que l'ecclésiastique détenait des objets venus du temps d'avant la théocratie. Une passion qui l'avait mené à faire des fouilles dans un lieu-dit appelé le Fauteuil du Diable. Une fois sur place, Fairfax y découvre des squelettes à peine enterrés... Or lorsqu'on vit sous férule religieuse, les accusations d'hérésie ne sont jamais bien loin...
Parler de "roman historique" comme le fait la communication serait abuser, puisqu'il s'agit plutôt d'une forme d'anticipation post-cataclysmique, ou si le dernier chapitre du Ravage de René Barjavel devenait un roman à part entière... en contrepoint idéologique, puisqu'en dépit de la mode, Robert Harris ne cherche pas à faire une œuvre réactionnaire. Il se garde bien en revanche de faire de notre époque moderne un Éden, soulignant sa fragilité tout en comparant par exemple l'espérance de vie nettement supérieure du monde d'avant et celle de ce nouveau Moyen Âge. Le cœur du roman est clairement ancré sur une vision totalitaire de l'Église lorsqu'on lui donne plus de pouvoir séculaire, même si on aurait aimé que l'auteur aille plus loin. En fait, c'est ainsi que l'on peut définir ce roman : l'auteur ne cesse de proposer des pistes intéressantes sans vraiment les explorer comme elles le méritent. Si on ne regrettera pas de ne pas être dans une de ces dystopies filmiques où il faut sauver le monde en quatre-vingt-dix minutes chrono, la conclusion ne résout pas grand-chose. Comme si Robert Harris s'était lancé dans son roman avant d'avoir laissé mûrir ses idées. On ne peut même pas parler de bâclage, l'écriture est soignée et ponctuée de descriptions atmosphériques élégiaques, mais au final, on reste sur sa faim. Sale affaire...
Citation
Il eut en cet instant la révélation de ce qu'avaient dû subir, huit cents ans plus tôt, tous ces gens arrachés à la sécurité de leur ancienne vie pour se retrouver dehors par une nuit comme celle-ci, sans rien d'autre à manger que ce qu'ils pouvaient glaner, sans rien pour se réchauffer que ce qu'ils trouvaient à brûler et avec la menace constante des prédateurs tapis dans l'obscurité, prêts à les attaquer.