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L'Affaire Magritte
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du néerlandais par Charles de Trazegnies
Namur : Diagonale, février 2020
350 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-930947-01-3
Peinture au sang
L'ex-inspecteur en chef Alex Berger n'est plus qu'une épave depuis la mort de son épouse Camille, Parisienne pur jus, victime de la folie des terroristes sur une terrasse de café. Pendant qu'elle était fauchée par les balles, Berger était retenu avec un suspect, un certain John Novak, qu'il avait envoyé en prison. Depuis, Camille hante ses nuits et ses insomnies... Mais il est alors convoqué par son ex-supérieur Lucas Leroux : deux meurtres ont été commis, un à Bruxelles, un à Paris. Une retraitée et une directrice de galerie d'art, apparemment sans aucun rapport entre elles. Le seul point en commun est l'inscription "Ceci n'est pas un suicide" laissé à côté de chaque corps. Or les empreintes digitales retrouvées sur les notes et l'écriture sont celles de John Novak... Pourtant, celui-ci n'a jamais usé de violence et était presque illettré alors pourquoi un tel jeu de piste avec des citations de Magritte ? L'enquête démontre qu'il a découvert le peintre à travers des ateliers de réinsertion en prison. Et si Novak, par ces messages, voulait leur dire quelque chose ?
Toni Coppers est un auteur vedette en Belgique néérlandophone enfin traduit. On ne va donc pas bouder notre plaisir, surtout vu la vitalité du genre outre-Quiévrain. Un mot cependant sur la traduction : celle-ci commence plutôt mal avec un style heurté... pour devenir tout à fait honorable au bout d'une cinquantaine de pages. Comme si le travail avait été commencé par un débutant avant d'être repris par l'officiel, nettement plus expérimenté, sans qu'on ait pris la peine de revenir sur le début. Dommage... Si le thème évoque des auteurs comme le génial Arturo Pérez-Reverte, dans l'écriture, on est plus proche de la petite musique quotidienne de l'incontournable Georges Simenon. Mais plus que l'enquête très classique, frôlant le plan-plan sans jamais tomber dans cet écueil, ce qui frappe c'est le portrait de son protagoniste, un homme hanté par le deuil, au point de convoquer le fantastique tant ses visions peuvent s'assimiler à une hantise. On est loin du Détective À Problèmes comme l'a défini le regretté Michel Lebrun : le deuil n'est pas un moyen facile de créer de l'empathie avec le personnage, mais consubstantiel à celui-ci, un mal qui le ronge avec toutes ces questions sans réponses qu'il entraîne. Et si le mobile du crime est assez classique, le roman se clôt comme il a commencé, dans la grisaille et une autre forme de deuil où l'assassin et l'enquêteur finissent par se rejoindre.
Citation
Il longea le Palais de Justice néo-babylonien. Combien de fois n'y était-il pas entré, combien d'heures de sa vie n'y avait-il pas passées durant les audiences, les procès ? Tout cela lui semblait maintenant dénué de sens.