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Retour sur une période charnière de notre monde
Nous sommes à la fin de l'année 1980. Paco Martinez a été policier et à présent il opère comme journaliste. Alors qu'il se rend dans un cinéma associatif pour interroger les bénévoles qui l'animent, il est témoin d'un massacre : deux hommes armés et cagoulés entrent dans un bar et tuent les dix personnes présentes. Seule personne qui en réchappe : la femme du patron la belle Nathalie (ou Natacha car c'est son prénom d'origine croate) Robertie. Paco Martinez décide de mener l'enquête pour en savoir plus, mais ça risque de lui jouer des tours. En effet, le massacre visait-il une personne en particulier ou plusieurs personnes ? Et puis les liens entre les différentes victimes laissent entrevoir des complications et des affaires ténébreuses. Qui plus est, la seule survivante est la fille d'un entrepreneur de transport qui commerce avec l'Est. Il peut donc légitimement se poser la question d'un règlement de comptes entre différentes familles mafieuses de l'ex-Yougoslavie. Pour enquêter, il doit interroger la survivante et c'est une très belle femme qui n'est pas insensible au charme du journaliste. Or ce dernier est marié, mais son couple bat de l'aile et ce n'est pas forcément le moment d'y donner des coups de canifs. Pendant que Paco Martinez s'embarque quand même dans un voyage périlleux autant pour sa vie que pour son couple, un ami du couple, journaliste qui vient de sortir des prisons afghanes où il avait été mis par l'armée soviétique, décide à la fois de consoler la femme de son ami Paco, mais en même temps de mener une enquête car il a croisé parmi les rebelles musulmans qui luttent contre la présence russe en Afghanistan des personnages étranges, dont un certain Ben Laden. Qui est derrière les financements de cette guérilla ? Sans le savoir, ses demandes d'information remuent les services secrets occidentaux.
Nous retrouvons avec plaisir le personnage de Paco Martinez, entre journalisme et goût du risque de son ancienneté de policier, entre son amour pour sa belle et les "amours contingentes" (il lui est difficile de résister aux charmes des personnes qu'il interroge, surtout lorsqu'elles se montrent entreprenantes). Autour de lui, les "personnages secondaires" sont décrits avec soin, grâce à une structure où alternent, selon les parties, les passages centrés sur Martinez et ceux sur d'autres personnages (ici, le reportage de l'ami en Afghanistan ou la vie compliquée de la survivante du massacre, les questions de la compagne délaissée). En toile de fond, une description historique de cette bascule de 1980-1981 entre l'invasion soviétique en Afghanistan, les convulsions naissantes de la Yougoslavie et la future élection d'un président socialiste. La façon dont toutes les enquêtes et affaires vont se rejoindre, ou au moins, faire intersection, est construite avec soin. Derrière les événements et les actions, Maurice Attia prend quand même le temps de développer ses personnages, leurs soucis et atermoiements, leurs goûts (une restitution de l'atmosphère cinéphile de la période est également une bonne occasion de souvenirs pour les vieux lecteurs comme moi). Du coup, tous les éléments pour écrire et raconter une bonne histoire sont là : sens de l'intrigue, personnages vivants et bien dessinés, descriptions d'une période, pour nous permettre de continuer avec un nouvel opus de Maurice Attia, dense et prenant.
Citation
De sa voiture, le tueur assista à l'embrasement rapide de la maison, puis démarra. Son véhicule explosa sans qu'il eût le temps d'en être surpris. La théorie des dominos. Une camionnette, garée quelques mètres plus loin, démarra à son tour. Sans exploser.