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Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Valérie Le Plouhinec
Paris : Albin Michel, mars 2022
344 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-46669-3
Coll. "Thrillers"
Vol de routine
Un jour ordinaire chez Carrie et Bill Hoffman : Carrie s'occupe de leurs deux enfants pendant que Bill, commandant de bord, s'apprête à monter dans un Airbus, le vol 416 à destination de New York. Carrie réceptionne aussi l'employé de Calcom, Sam, venu régler leur connexion Internet. Sauf que l'employé tire un revolver... Lorsque Bill, alors entre ciel et terre, revoit sa famille, ses membres sont entravés à côté de Sam et portent un classique gilet à explosif. Le marché est simple : s'il veut que sa famille survive, Ben doit faire s'écraser le vol 416. La vie de cent cinquante-neuf personnes contre celles de sa femme et ses enfants. Et ce n'est pas tout : le terroriste ne veut ni argent ni rançon, uniquement attirer l'attention du monde entier. Comment négocier avec quelqu'un qui n'a aucune revendication ? Dilemme cornélien, mais plus encore lorsqu'il transpire que "Sam" a un complice à l'intérieur même du vol...
On comprend facilement que ce roman soit appelé à être adapté au cinéma (enfin, dit la rumeur, il n'y a pour l'instant pas la moindre trace du projet : on nous a déjà fait le coup...). Les films à base d'avion étant rarement passionnants, de Red Eyes à Flight Plan en passant par Non-stop, on attendra de voir... Le roman, lui, est donc conçu comme un film, avec l'obligatoire explosion, une course-poursuite et la dose d'héroïsme censée gonfler de fierté le cœur des spectateurs bien tranquilles dans leur fauteuil. Ce qui n'est pas forcément un mal, même si le point de départ ressemble fortement au Otages de Clare MacKintosh. Après tout, le thriller est tout de même un genre populaire et on n'est pas obligé de chercher à chaque fois des profondeurs sociétales ou philosophiques. Au moins, T. J. Newman, l'auteure, nous évite des "révélations" en cascade souvent capillotractées (même si, comme toujours, il faut une légère suspension de crédibilité pour accepter le postulat), préférant une histoire simple au fort côté humain qui, pour une fois, n'étire pas son propos. Du coup, on peut dire que les terroristes sont bien faciles à maîtriser, mais c'est la rançon du réalisme, puisqu'ils sont présentés comme des hommes ayant une bonne raison d'agir comme ils le font, loin de professionnels glacials tirés d'un Piège de cristal. Si l'ensemble reste prévisible, la crédibilité n'est pas trop malmenée et dans un tel contexte, on s'étonnera de trouver un coda doux-amer plus subtil qu'on ne l'attendait qui tire le roman vers le haut. En dehors de ça, c'est le prototype du roman de gare au sens premier, qui fait passer un voyage en train (en avion, on hésitera) et qu'on oublie sans remords dans le soufflet après lecture.
Citation
Ses pensées commencèrent à échapper à son contrôle : rien à quoi se raccrocher, rien pour les arrêter. Il était impuissant dans son propre cockpit. Impuissant en tant qu'homme et en tant que protecteur de sa famille. Menacé chez lui, menacé à bord. L'idée de découvrir les autres manières dont il avait pu être dupé le terrifiait.