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Grand format
Inédit
Tout public
368 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-38094-266-8
Coll. "Roman policier"
Lorsqu'un monde s'écroule
Oran, début juillet 1962. Une ville sous tension car enfin vont se concrétiser les accords d'Évian. Les riches colons ont fui en Métropole, les pauvres, les fonctionnaires et l'armée attendent l'occasion de pouvoir partir. Certains pensent même rester dans ce qui est leur pays. D'autres se cachent car ils ont fortement pris part au maintien de l'ordre et ont travaillé pour l'Organisation, le groupe qui voulait maintenir l'Algérie française. Ils savent bien que l'heure des règlements de compte va bientôt arriver et qu'un certain nombre de policiers du nouvel ordre les attendent du côté du port pour les intercepter avant qu'ils ne puissent prendre un bateau vers la Métropole. Abel Helme est un inspecteur qui est encore en poste, même s'il doit prendre le bateau dans quelques heures avec son amie, une Algérienne, qui risque gros en étant tombée amoureuse de lui. Lorsqu'il apprend la découverte d'un corps dans son périmètre, il ne peut s'empêcher d'aller voir. C'est un enfant. Même s'il doit échouer, il consacrera ses dernières heures de présence en Algérie afin de comprendre (ce) qui a pu le tuer. Il se met alors à parcourir la ville, persuadé que la vérité se trouve près de deux jeunes amis du défunt, et il en devient d'autant plus sûr lorsque l'un des deux est retrouvé mort, tué à son tour. En parallèle, la mère recherche son fils dans une ville en proie à des convulsions. Des Algériens qui veulent se venger des colons parcourent Oran armés et en colère, aiguillés par les membres du FLN qui entendent eux aussi en finir avec la présence française.
Comme l'indique le titre de ce premier roman d'Andrès Serrano, nous sommes là à la fin d'un monde. D'un côté les grandes forces qui s'opposent et ont été violentes de manière régulière - le FLN et l'OAS. L'armée reste en retrait car elle a reçu des ordres (que parfois elle transgressera devant l'ampleur des massacres). Le FLN règne en maître et les partisans de l'Algérie française font profil bas, essaient de fuir ou sont prêts à vendre chèrement leur peau. Au sein de ce chaos, de ces foules manipulées qui cherchent à fuir ou entendent se venger, un policier, moyen et quasi anonyme, tente de faire respecter l'ordre et sauver un enfant. Élément dérisoire mais qui prouve qu'il reste malgré tout une humanité. En fond, l'auteur nous offre une partie de l'histoire qui n'est pas souvent racontée, celle de la façon dont les petites gens, colons ou Algériens, ont vécu la fin de la guerre, comment les pulsions ont gangrené, dès ces débuts, un espoir. Des images, des scènes frappent l'imagination au sein d'une intrigue policière classique, où l'on prend le temps de s'attacher à des personnages qui mourront ou survivront, mais qui seront à jamais transformés par ce qu'ils ont vécu.
Citation
Impossible de savoir combien de temps mes camarades et moi sommes restés, une minute, une heure, à regarder fixement l'exécution. Nous étions au tout premier rang. À trois mètres de nous, là, au milieu de la rue, un homme crevait.