Contenu
Sa mort à l'agenda
Grand format
Inédit
Tout public
Boulogne-Billancourt : MA, octobre 2020
378 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-37437-048-4
Le dernier chant de Cyrène
Boris Konyshev est un industriel russe qui a su profiter de la Perestroïka et de l'ouverture de la Russie à l'Occident. L'entreprise Drevexport est florissante. Denis, Natacha et Margarita, ses trois enfants, sont indépendants. Il s'est remarié avec Tamara, une femme plus jeune que lui. Mais sa Lexus explose un soir alors qu'il est au volant peu avant qu'il n'arrive à sa villa. Les soupçons se portent bien entendu sur le monde obscur des affaires. D'autant que Boris Konyshev a marché sur les platebandes d'un consortium rival. Denis, le seul fils, aîné de la famille, entrepreneur dans l'immobilier, fait appel à son voisin pour jouer les enquêteurs privés et démêler l'intrigue. Valeri Petrovitch Khodassevitch est un ventripotent colonel à la retraite du KGB. Pourquoi ce choix ? Parce qu'il sera plus motivé que la police pour débusquer les coupables. On assiste alors, après une présentation des différents protagonistes (il faut ajouter Maya, la femme de Denis, Pete, le mari de Margarita, Inkov, l'associé de Boris Konyshev, et Vika la domestique de la villa) à un huis-clos désuet dans la villa du défunt. Khodassevitch mène son enquête d'une manière lancinante et énervante en mode Hercule Poirot mais en fumant de bons cigares ou de mauvaises cigarettes sous l'œil amusé de Tamara qui attend l'ouverture du testament. L'avocat fait sa première apparition (il reviendra un peu plus tard lorsque Tamara sera assassinée). Le testament est sans appel : Tamara hérite de tout. Elle n'aura cependant pas l'occasion d'en profiter car elle est retrouvée morte au petit matin. L'examen prouvera qu'elle a eu une relation sexuelle peu avant son meurtre.
Anna et Sergey Litvinov nous proposent donc un huis-clos hérité d'Agatha Christie avec un enquêteur plongé au cœur de l'affaire, qui nous cache des éléments et tire des conclusions qu'il ne rendra publiques que dans les dernières pages. La comparaison avec la Reine anglaise du crime s'arrête là. Car pour le reste, le roman tire en longueur. La faute à des chemins de traverse qui se multiplient pour rendre l'intrigue complexe mais attractive (même si certains poncifs comme la domestique fille batarde de l'entrepreneur auraient mérité de nous être épargnés). Les deux auteurs multiplient les retours dans le passé des différents protagonistes avec plus ou moins de lourdeur. Passent leur temps à peindre des portraits à la psychologie douteuse. Oublient de soigner les dialogues. Le premier tiers du roman est plutôt intéressant. Il y a des inserts à la société russe confrontée au monde capitaliste. Le passé de Boris Konyshev est lui aussi captivant avec un monde étudiant communiste méconnu. Mais très vite (aux alentours de la page 130) le lecteur aguerri (qui a lu quelques romans d'Agatha Christie et un ou deux de Ellery Queen ou bien qui sait additionner un et un) n'a aucun doute sur le meurtrier. La suite n'est qu'un long chemin (presque de croix) jusqu'à une résolution (qui elle aussi traîne un peu avec une leçon évidemment de morale à la fin, et l'idée du pardon). Avec une intrigue resserrée et un bon tiers en moins, Sa mort à l'agenda aurait été un roman de détection plaisant.
Citation
Voilà les faits. Le 19 juillet, votre père revenait du travail. Dans sa Lexus. C'était lui qui était au volant. Sur la route qui mène au village de Teliaïevo, sa voiture a sauté. L'intensité de l'explosion est d'environ cinq kilos d'équivalent TNT. Le type de dispositif est une explosion à distance radiocommandée. Juridiquement, le crime a été qualifié d'acte terroriste, l'identité de ses exécutants et commanditaires n'a pas encore été établie. Je vous prie de recevoir mes condoléances.