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Grand format
Inédit
Tout public
254 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-35720-680-9
Actualités
- 01/11 Télévision: Mercredi soir c'est roman noir
Le 7 mars 2021, une page se tourne. Jacques Lerognon et Corinne Naidet diffusent sur YouTube une brève vidéo de quelque quarante secondes pour annoncer qu'un "projet 2.0" prend le relais de l'émission radiophonique Ondes noires qu'ils ont animée de nombreuses saisons sur Agora FM (94.00 dans la région de Grasse-Cannes-Nice) ; son nom : "Mercredi soir c'est roman noir" ; sa forme : une vidéo d'une durée moyenne de cinq minutes mise en ligne tous les mercredis soir pour présenter un "coup de cœur", qui peut être une nouveauté, une réédition, un classique redécouvert, une BD... à la discrétion des animateurs. Le premier volet de ce nouveau projet a été diffusé trois jours après l'annonce, soit le mercredi 10 mars 2021...
Liste des volets vidéos noirs :
Épisode du 7 décembre 2022
Le petit voyage noir de ce mercredi soir amène très loin, géographiquement puisque l’on va aux antipodes – au sens étymologique du mot: on aborde en Australie – et temporellement puisque La Fille du pêcheur de perles (un premier roman signé Lizzie Pook, traduit par Josette Chicheportiche et paru en novembre 2022 chez Gallmeister) couvre les années 1886 à 1896. Tout commence quand la famille Brightwell – le père, la mère et leurs deux enfants – quitte Londres pour s’installer à Bannin Bay, petite localité située sur la côte nord-ouest de l’Australie. L’endroit a la réputation de regorger d’huîtres perlières, et Charles Brightwell compte bien faire fortune. Dix ans plus tard, il a gagné son pari : il est à la tête d’une petite flotte de bateaux et ses affaires nacrées prospèrent. Mais un jour il disparaît en mer, tandis que son équipage, lui, rentre à bon port. Mais personne n’est en mesure de dire ce qui est arrivé. Alors c’est la fille de Charles Brightwell, Eliza, désormais âgée d’une vingtaine d’années, qui va mener sa propre enquête. Une enquête qui vire vite à l’aventure : «On suit Eliza à terre, en mer, dans le désert, à cheval, on lira avec elle le journal de son père qui, en plus d’être un homme d’affaires avisé, est aussi un érudit passionné de botanique et de zoologie.»
Un roman qui évoque ceux de Jules Verne, selon Jacques et Corinne, à cela près qu’il érige en héros une femme, ce que ne faisait guère le romancier français, et qu’en matière de tonalité, il est, on s’en doute, plus moderne, et plus british…
Épisode du 23 novembre 2022
L’escapade littéraire que proposent ce soir Jacques et Corinne, via Tu sais qui, de Jakub Szamalek, aboutit dans d’inquiétantes contrées virtuelles – le fameux dark web, le «côté sombre de la Force», dit Corinne, par allusion intergalactique… Mais commence très banalement sur une voie rapide, par un accident qui entraîne la mort d’un célèbre présentateur de téléréalité. Un fait divers qui attire l’attention d’une jeune journaliste, Julita, frustrée d’être cantonnée aux entrefilets «putassiers pour un site qui ne l’est pas moins» et payée à proportion du nombre de clicks que son texte va générer, quand elle aspire à devenir une véritable journaliste d’investigation. Cet accident va lui fournir l’occasion de mener une enquête sur un sujet plus sérieux. Mais à peine a-t-elle commencé que sa vie bascule à coups de divulgations intimes sur la Toile. À leur origine, très certainement, un internaute qui a accès à des informations que l’on ne trouve que dans les zones les plus sombres du monde virtuel…
Un roman qui n’est pas de la science-fiction même s’il évoque des techniques pas encore disponibles, explique Jacques en se référant à un avertissement de l’auteur. Le roman, lui, est bien réel, et bien réel aussi le bon moment qu’il fera passer aux lecteurs tant le suspense est maîtrisé «sans pour autant tomber dans les ficelles galvaudées du thriller». Sans compter qu’il offre une vue sans concession sur la Pologne d’aujourd’hui. La capsule noire du soir se conclut sur une «bonne nouvelle»: Tu sais qui est le premier volet d’une trilogie.
Cette virée à deux voix trouvera un intéressant écho dans la chronique de Laurent Greusard.
Épisode du 9 novembre 2022
L’on va passer la soirée – enfin, le temps que dure l’émission de Jacques et Corinne – outre-Atlantique, en Gaspésie, une péninsule située au Québec. Aux côtés de Catherine Day, l’héroïne de Nous étions le sel de la mer de Roxane Bouchard (éditions de l’Aube, août 2022). La jeune femme est quelque peu dépressive – elle a «perdu le goût de l’exaltation» et son praticien lui conseille d’aller retrouver «la possible beauté du jour»… ce qu’elle s’empresse de faire en allant séjourner dans un petit village de pêcheurs au bord de l’eau. Avec un autre but: rencontrer une certaine Marie Garant. Catherine se familiarise votre avec les gens du coin, qui semblent connaître celle qu’elle cherche, mais ayant envers elle des sentiments pour le moins contrastés. C’est une navigatrice chevronnée, pourtant on la retrouve morte sur son voilier, assommée par la bôme. Personne au village ne croit à l’accident. Cependant l’enquête patine – jusqu’à l’entrée en scène de Joachim Moralès, un flic mexicain installé depuis peu au village amis à qui tout échappe – à commencer par sa vie privée et les usages locaux.
C’est un roman de conteuse car l’auteur, aux dires de Corinne, «fait vivre, et très bien, toute une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres» et sait à merveille entremêler romance, intrigue policière, récits intimistes des gens du cru. La lecture d’un bref extrait montre, aussi, qu’il doit y avoir beaucoup de poésie dans l’écriture. Et Jacques de conclure que le roman donne furieusement envie de s’embarquer «pour de vrai», et pas seulement dans les pages!
Épisode du 2 novembre 2022
Les «capsules noires» youtubiennes ont donc repris ce cours hebdomadaire auquel Jacques et Corinne nous ont habitués depuis mars 2021. Et ce soir, ils piquent «une crise de jalousie»! Rien de vindicatif ni d’agressif dans cette déclaration, non non… il s’agit simplement d’évoquer un recueil de nouvelles signé Jo Nesbø intitulé De la jalousie, publié par Gallimard dans la «Série noire» et traduit par Céline Romand-Monnier. Le recueil compte sept nouvelles réparties en 330 pages, leur longueur allant de 10 à 150 pages. Une forme inhabituelle pour le romancier qui généralement s’adonne aux romans «très épais»… Sept nouvelles dont l’unité est thématique – le titre le dit explicitement – mais où, contre toute attente, on ne croisera pas le personnage-fétiche de Jo Nesbø, Harry Hole («sans doute a-t-il encore besoin de repos car on l’avait laissé dans un sale état à la fin du dernier roman où il apparaissait», suggère Jacques…).
On aura plaisir à croiser cette plaisante «capsule» avec la chronique k-librée consacrée à ce recueil ici présentée…
Épisode du 26 octobre 2022
Après une « pause estivale prolongée » aux dires des animateurs – mais il est vrai que l’été lui-même joue les prolongations, bien loin des normales de saison et a pu faire croire à une disparition de la « rentrée » du moins en ce qui regarde le thermomètre - voilà que revient sur Youtube en cette mi-octobre la parenthèse noire du mercredi soir qu’ouvrent avec enthousiasme Jacques Lerognon et Corinne Naidet. Avec un roman auquel d’aucuns trouveront une petite senteur vacancière puisqu’il emmène le lecteur en Italie…
C’est en effet avec une enquête du commissaire Soneri, le héros de Valerio Varesi, que Jacques et Corinne font leur rentrée : La Main de Dieu (traduit par Florence Rigolet ; Agullo « Noir », mai 2022). Tout commence avec un cadavre coincé au pied d’une des piles du plus vieux pont de Parme, et une camionnette criblée de balles abandonnée à proximité. À n’en pas douter, la scène de crime se trouve en amont du fleuve… et le commissaire Soneri d’aller prendre ses quartiers à Monteripa, petit village de montagne, malgré l’hiver et la neige qui va avec. C’est là que passe le torrent qui a charrié le corps jusqu’à Parme… Le lecteur découvre alors, en même temps que le commissaire qui marche beaucoup et arpente les environs afin de mener ses investigations, les habitants du village dont le mort était le chef, les paysages environnants, et La Faune, une communauté vivant en autarcie…
Ce roman est le septième de la série, initiée en France en 2016 avec Le Fleuve des brumes et pour beaucoup, le commissaire Soneri est déjà devenu un familier, un compagnon de lecture dont on à hâte de lire la prochaine enquête à peine finie celle qui vient d’être publiée…
Épisode du 29 juin 2022
Ce soir, petite virée insulaire pour Jacques et Corinne, qui nous emmènent en Corse, avec Des îles et des chiens, de Sylvia Cagninacci (In8, mars 2022). Et à la manière forte puisque le roman dont ils parlent s’ouvre avec un enfant qui meurt. Un coup de feu le tue et «il devient une voix, la voix d’outre-tombe, fantomatique mais totalement humaine, qui va raconter l’avant, l’après de ses parents, les blessures d’avant l’accident». Avec la voix de l’enfant, Dominique, résonnent d’autres voix: celle du père, Ange, enfermé dans son histoire familiale tissée de consanguinité; celle de la mère, fière, militante, mais qui faiblit sous la violence des hommes – de son homme surtout; celle des villageois qui colportent, et des voix intérieures, celle du lapin en peluche qui raconte des histoires à Dominique… et toutes ces voix qui font entendre la montée du drame, «mises bout à bout» «sont comme un chœur antique». À écouter ces commentaires on comprend en effet que ce roman est surprenant, la construction complexe, la posture narrative singulière… mais il éblouit, assure Corinne.
Une version romanesque des polyphonies corses?
À noter que Jacques et Corinne ne sont pas les seuls à être conquis par ce premier roman : il figure dans les sélections finales du prix Claude-Mesplède «découverte» 2022 et du prix des Lecteurs 2022 du festival de Villeneuve-lez-Avignon.
Épisode du 22 juin 2022
Ce soir, guidés par les pages du dernier roman de Jean Contrucci, Les Voleurs de mémoire (éditions Hervé Chopin, mai 2022 – chroniqué ici même), Jacques et Corinne nous emmènent à Marseille. Plus précisément – car Marseille, c’est grand ! – à Mazargues, petit village devenu un quartier marseillais, tout au bout de la ligne de tram 22. Le héros-narrateur, Pierre Désautel, journaliste au Provençal, voit refluer ses souvenirs d’enfance à la faveur d’un héritage – la maison de ses grands-parents qui viennent de mourir, où il entreprend des travaux de rénovation. Une malle ouverte, des lettres, des photos… et la mémoire, loin de se reconstituer, se troue de mille questions qui surgissent. En bon journaliste, Pierre Désautel va enquêter, et se replonger dans les années sombres de la Seconde Guerre mondiale, où sont ancrés ses souvenirs d’enfance dans cette même maison. « Un nouveau “Mystère de Marseille” résolu », remarque Corinne, faisant allusion aux points communs que ce roman peut avoir avec ceux de la série des Nouveaux Mystères de Marseille imaginée par le romancier, où l’on voit enquêter un autre journaliste, Raoul Signoret… mais au début du XXe siècle et appartenant à la rédaction du Petit Provençal. Autres temps, autres énigmes, mais un même amour de la cité phocéenne qui, dans les romans de Jean Contrucci, est « plus qu’un cadre, c’est un personnage à part entière », précise Jacques qui souligne, aussi, la saveur du style – « ces mots qui ont du parfum et de l’accent » – et la bienveillance de l’auteur pour les petites gens… doublée d’intransigeance pour les salopards ! De fait, les romans de Jean Contrucci « sont de très bons romans sociaux », conclut Corinne.
Épisode du 15 juin 2022
Au théâtre ce soir… avec certes Jacques et Corinne en maîtres de cérémonie mais, en guest star, le dernier roman de Sophi Chabanel, La Tragédie du chat (Seuil, coll. « Cadre noir », avril 2022). Pour cette quatrième enquête, la commissaire Romano – une enquêtrice qui ne va pas sans son chat Ruru ni son fidèle second, l’inspecteur Tellier sans oublier l’inspecteur Dubois – est confrontée à une scène de crime au sens le plus littéral de l’expression puisque la victime gît sur la scène du Nouveau Théâtre de Lille : l’acteur vedette meurt sous les débris du décor qui s’est effondré sur lui en pleine représentation de la pièce d’Eschyle, Les Suppliantes. Elle est aux premières loges – là encore au sens très, très propre puisqu’elle assistait à la… tragique représentation. Les dialogues sont parfois improbables, l’humeur, manifestement à la truculence – il n’empêche que le roman a sa part de profondeur, qu’il aborde frontalement la question de la tolérance en renvoyant au problème du Blackface , et qu’il « fait vaciller des convictions, douter des lignes établies du bien-pensant et du comme-il-faut-être ou ne-pas-être » (dixit Jacques)… « tout en nous divertissant – ce n’est pas aisé – mais Sophie Chabanel est passée maître dans cet exercice et nous livre une comédie policière brillante et nuancée » conclut Corinne.
Épisode du mercredi 8 juin 2022
Ce soir c’est une réédition qui fait vibrer le cœur noir de Jacques et de Corinne – celle de A Hell of a Woman de Jim Thompson. Un roman qui date – il est en effet paru en 1954 aux États-Unis et a été traduit en français en 1967 mais avec un titre qui ne restitue pas grand-chose de l’original (Des cliques et des cloaques…). Il est réédité par Rivages en 2013 dans une nouvelle traduction avec un nouveau titre – Une femme d’enfer. La réédition qu’évoquent ce soir nos Noir’rôdeurs, qui vient de sortir aux éditions La Baconnière, est une version illustrée du roman – lequel garde, signalons-le, son titre anglais. Le texte est celui de la traduction parue en 2013, due à Danièle Bondil, et les illustrations sont signées Thomas Ott, un dessinateur suisse d’expression allemande. Le récit est découpé en sept «carnets» qui ont leur propre couverture et regroupent chacun plusieurs chapitres de roman. À l’intérieur des «carnets» des vignettes accompagnent le texte – «des vignettes somptueuses», confie Corinne (et l’image venant à l’appui du commentaire, l’on peut en effet constater son bien-fondé !). Enfin, au milieu du volume est encarté un bonus de choix: une courte biographie de Jim Thomson due à Markus Rottmann, A Hell of a Life. C’est donc une édition léchée, très luxueuse, qui n’en emprunte pas moins aux pulps des années 1950 de faux airs de publication bon marché…
Pour ce qui est de l’histoire et des considérations littéraires, cette chronique les dit très bien.
Jim Thompson, A Hell of a Woman (traduction: Danièle Bondil; dessins: Thomas Ott. Avec en cahier central A Hell of a Life de Markus Rottmann), La Baconnière, avril 2022.
Mercredi 25 mai 2022. Épisode 57.
Un volet noir de plus à l'actif de la très active Noir'rôde en ce mercredi 25 mai. Ce soir, Jacques et Corinne nous font découvrir le nouveau roman de Benoît Philippon, Petiote (le quatrième), paru aux éditions Les Arènes dans la collection "EquinoX".
Gus : un loser qui, faute de payer la pension alimentaire, finit par perdre le droit de voir sa fille Émilie, la "petiote". Alors après l'avoir amenée dans sa minable piaule au Love Hotel, il décide, pour faire valoir son droit de père, de prendre en otage... l'hôtel tout entier ! C'est l'occasion pour l'auteur de portraiturer les occupants retenus par Gus, tous comme lui amochés par la vie, depuis Cerise la pute à "Boudu", l'ex-SDF, en passant par la migrante ivoirienne, Fatou... En face : les flics et la négociatrice, puis les médias. Tout cela vire à la farce, avec un côté un peu grandguignolesque mais les larmes ne sont jamais loin et c'est, in fine, par-delà la "carte sociale déjantée", un "univers baroque et barré" qui attend le lecteur au seuil de ce roman. "Tout est sens dessus-dessous mais ça a du sens. Et puis il y a l'écriture : ci-né-ma-to-gra-phique", soulignent Jacques et Corinne, en concluant sur quelques références, elles aussi ci-né-ma-to-gra-phiques : les Marx Brothers, Frank Capra, "un soupçon de frères Coen". Qui lira appréciera !
Mercredi 11 mai 2022. Épisode 56
Diffusion de la 56e vidéo "Mercredi soir c'est roman noir". Corinne et Jacques présentent leur coup de cœur hebdomadaire – une nouveauté en l'occurrence : le dernier roman de Todd Robinson paru aux éditions Gallmeister en mars dernier, Les Morts de Riverford (traduit par Alexis Nolent). L'auteur américain nous entraîne dans le Massachussetts, dans une petite ville appauvrie par la désindustrialisation rongée par le trafic de drogue et l'alcoolisme. Pour ce troisième opus, Todd Robinson a laissé de côté ses deux personnages de videurs détectives Boo et Junior – qui enquêtaient dans Cassandra (2015) et Une affaire d'hommes (2017) – pour proposer, ici, une "alternative au Nature Writing : le petit-patelin-writing" – le mot est des Noir'rôdeurs, trop savoureux pour ne pas le citer. Un vrai coup de cœur pour eux que ce roman, dont ils disent qu'il est "un polar extrêmement bien mené : une intrigue ciselée, des personnages habités avec de la chair, des émotions, des méchants plus crétins que psychopathes...". Bref, de quoi donner très envie de lire ce polar du soir.
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Reconstruire son histoire
Pierre Désautel, vieux journaliste marseillais, vient de perdre ses grands-parents, et a hérité de la maison familiale un peu à l'écart de la ville. C'est l'occasion pour lui de se souvenir de son enfance durant la guerre. Son père était prisonnier en Allemagne et il n'est jamais revenu, sa mère travaillait dans un cabinet d'avocat en ville et laissait son fils à la campagne, entre les grands-parents et une grande tante, et a disparu sans que l'on sache tout à la libération. Mais ce retour aux sources va être l'objet de questions. Quand tout d'abord, dans une malle, il découvre des papiers et des lettres. En les lisant, il comprend que les relations entre ses parents n'étaient pas au beau fixe, et que le deuxième grand-père, qui vivait en Algérie, était en profond désaccord avec le côté maternel. Les premières informations laissent penser que le père est bien parti combattre, mais pas forcément dans l'armée française. De plus, lors de l'enterrement, il découvre que finalement sa mère a bien été enterrée dans le caveau familial, sans qu'il le sache, et qu'elle est même morte à la fin de la guerre. Quelques indices suggèrent qu'elle aurait participé à la collaboration verticale... Du coup, notre journaliste, qui de toute façon avait pour ses articles travaillé sur des problématiques liées à la Seconde Guerre mondiale, renoue avec des connaissances et plonge dans les archives pour essayer de comprendre ce passé que sa famille lui a caché. Sa grande tante encore vivante est bien silencieuse sur les événements, mais un journaliste c'est parfois tenace.
Le roman de Jean Contrucci n'est pas policier au sens strict du terme (même s'il y aura dans le cours de l'intrigue un cadavre déterré qui révélera bien des choses), mais est à travers l'histoire familiale du personnage principal un retour en forme de quête sur la période de la Deuxième Guerre mondiale. Les secrets de famille cachent bien des surprises, et pas forcément des mauvaises. Tout ça permet de reconstituer un pan d'histoire, à travers le destin d'une famille, de choix divergents, au fil de l'enquête du descendant pour reconstituer un passé dans toute sa complexité. Les personnages qui apparaissent comme des gens "bien" ou qui semblent avoir emprunté une autre voie plus obscure se révèlent plus complexes que prévus et surtout Jean Contrucci sait construire une histoire, dresser des personnages qui sont plus des silhouettes (on notera les deux grands-parents par exemple qui, sans rien dire, ont réglé bien des situations) pour que le lecteur passe un agréable moment de lecture, apprenant deux-trois choses au fil d'une lecture plaisir malgré le poids de l'Histoire.
Citation
J'allais avoir cinq ans, en ce printemps 1944. Accroupi sur les tomettes de la cuisine, la tête dans mes mains, les coudes posés sur mes cuisses maigrelettes, je suivais la scène 'd'en bas', sans en perdre un détail.