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Loustal (illustrateur de couverture)
Traduit de l'espagnol par Marianne Millon
Arles : Actes Sud, octobre 2021
312 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-15610-7
Coll. "Lettres hispaniques"
Dans le semi-obscur des coups tordus
Tout commence avec un écrivain qui reçoit un coup de téléphone d'un ami libraire madrilène. Il vient de recevoir un manuscrit mystérieux et aimerait que son ami le lise et lui dise ce qu'il en pense. L'écrivain se met donc dans la lecture d'un texte autobiographique, raconté par un certain Carvajal. Ce dernier, militaire franquiste, membre de la droite depuis les années 1930, rencontre Elias, un jeune étudiant qui partage ses vues politiques. Après la prise du pouvoir, Carvajal continue son métier. Au début des années 1950, Elias l'appelle à la rescousse. Devenu chef des services secrets pour l'Afrique du Nord, il aurait besoin de Carvajal. Voilà donc le narrateur espionnant et surveillant dans le Rif, en plein protectorat de Tétouan, les indigènes qui veulent chasser les Espagnols. Il surveille également les Algériens qui veulent lutter pour leur indépendance. Commettant des actes que la morale pourrait réprouver, Carvajal se rend compte que son ami et chef est peut-être un agent double, travaillant en parallèle pour des mouvements capitalistes mondiaux. Il décide de faire revenir sa famille dans la métropole espagnole avant d'être déclaré "mort". D'ailleurs son récit commence justement par l'annonce de sa propre mort. L'écrivain est surpris : comment peut-il écrire ses mémoires et être en même temps mort ? Qui aurait retrouvé ce manuscrit et pourquoi le remettre en avant ? Y a-t-il un rapport avec un livre que vient de sortir un journaliste et qui met en lumière le rôle complexe d'Elias ? La vérité se cache derrière des détails et peut-être deux chapitres manquants aux mémoires du mort...
Avec ce roman, José Carlos Somoza s'ouvre au roman d'espionnage. La construction est classique avec un récit principal s'enchâssant dans un récit contemporain. La structure est élaborée de manière efficace, et la résolution finale, même si elle peut apparaitre mélodramatique, permet de reconstituer toute l'affaire. Récit d'espionnage, sur fond de décolonisation, L'Origine du mal joue avec les ombres du genre. On ne saura pas tout sur les motivations des personnages, sur les raisons qui les poussent. Le lecteur est manipulé comme l'est le personnage. Toujours est-il que les ambiances sont rendues avec soin, la trajectoire du protagoniste principal racontée avec force détails. L'illustration de Loustal, en couverture, renforce cette idée d'un texte sur le Grand Jeu, avec des personnages fuyants, des situations qui se renversent au gré des trahisons, des combats idéologiques, pour construire un roman où José Carlos Somoza découvre une nouvelle façon de raconter des histoires, même si cela pourrait sembler de moindre force par rapport à d'autres de ses romans (La Caverne des idées, Clara et la pénombre, entre autres).
Citation
Je suis mort. J'ai été tué d'une balle dans la tête un jour de septembre 1957. Le propos initial de cette page maladroite que je martyrise avec une machine à écrire était de raconter ma mort.