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La Gardienne de Mona Lisa
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Écosse) par Ariane Bataille
Rodez : Le Rouergue, mai 2022
438 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-8126-2339-4
Un sourire très meurtrier
À côté des conquêtes militaires et des exterminations, il faut se souvenir que l'Allemagne du IIIe Reich a aussi été une machine utilisée pour voler et piller les pays conquis. Outre les biens de première nécessité et les objets manufacturés, les dirigeants nazis ont voulu aussi se procurer les œuvres d'art qui manquaient à leurs collections. Adolf Hitler désirait fonder un grand musée dans sa ville natale où il aurait installé comme joyau de sa collection La Joconde. Afin de s'en emparer, de manière discrète, il envoya un officier chargé de la récupérer dès que possible. De son côté, Hermann Goering, qui voulait posséder la plus belle collectons privée du monde, diligenta aussi l'un de ses hommes afin de mettre la main le célèbre tableau. Mais le portrait de Mona Lisa a été caché dans les réserves du Louvre puis déplacé en province. Au fil des recherches il a même changé de dépôt. De plus, le conservateur a utilisé les services d'un faussaire pour en exécuter une copie parfaite afin que les employés puissent les échanger au cas où les nazis se montreraient trop pressants. De son côté, le général de Gaulle a missionné une jeune femme, spécialiste de l'art, après avoir été formée aux techniques de combat, pour protéger le dit tableau. De nos jours, à Carennac, dans un petit village du sud de la France, deux faits divers vont perturber la vie locale. Tout d'abord, en creusant pour des canalisations, les employés communaux mettent à jour un cadavre - celui d'un officier allemand de la Luftwaffe enterré-là durant l'été 1944. Quelques jours plus tard, un marchand d'art français, venu dans le coin, est retrouvé égorgé dans la maison d'une vieille dame. L'affaire semble limpide car le coupable a laissé des empreintes dans le sang répandu et ce serait celles d'un Allemand, lui aussi lié aux milieux de l'art, et au passé violent. Mais cette solution semble trop simple pour Enzo McLeod (l'un des enquêteurs fétiches de Peter May) qui, à l'instigation de son amie Magali Leblanc, spécialiste en archéologie médico-légale, va essayer de démêler les fils de cette histoire, en plongeant dans le passé de la Seconde Guerre mondiale.
La partie policière est un peu la pan raccourcie de l'histoire, l'auteur développant de manière importante l'aspect plus historique sur les rivalités des amateurs nazis d'art et leur recherche de La Joconde, ainsi que la vie (inspirée d'éléments réels) de ceux et celles qui la protégèrent. De plus, il y a un développement sur l'amateur d'art allemand, lié par sa famille à un ancêtre nazi ayant participé à la quête de Mona Lisa. C'est ainsi que les deux cadavres du petit village sont surtout là pour aider à relancer l'enquête historique et à évoquer, de manière convaincante, un pan méconnu de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale. C'est bien dans cette évocation historique, dans une construction intelligente et des personnages bien dessinés, que réside le principal intérêt de ce nouveau roman de Peter May, plus que sur l'aspect policier, plus minimaliste, plus anecdotique.
Citation
Sa conscience reflue rapidement vers les ténèbres, ses genoux se dérobent. La dernière chose qu'il voit avant de tomber face contre terre, c'est le visage de son assassin. Il n'en croit pas ses yeux.