Je suis le feu

Quelque part sous la surface gisait Rizzio, le malheureux secrétaire de Marie Stuart, accompagné, selon toute probabilité, d'une demi-douzaine d'autres personnes, assassins et victimes confondus.
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Roman - Policier

Je suis le feu

Psychologique - Tueur en série - Procédure MAJ mercredi 08 juin 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Max Monnehay
Paris : Le Seuil, mars 2022
390 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-148813-5
Coll. "Cadre noir"

Actualités

Caranne, ne vois-tu rien venir ?

Après Somb, l'enquêteur de la romancière Max Monnehay revient aux affaires courantes (il n'a plu à enquêter pour s'innocenter d'un crime qu'il n'a pas commis). Victor Caranne est psychologue carcéral. Et comme tous ceux qui excellent dans leur profession, il devrait faire appel à lui-même pour régler ses problèmes personnels. Mais dans Je suis le feu, ses problèmes lui apparaitront somme toute mineurs.

Au début de l'intrigue, qui se déroule à La Rochelle, nous suivons les déambulations d'une femme et de son enfant dans l'aquarium de la ville. Nous les observons, mais une autre personne également – aux motivations étranges. Elle cherche une proie affublée d'une casquette. Enfin, c'est ce qu'on croit, mais on se trompe (un peu) car la ville de La Rochelle va bientôt se réveiller aux prises avec un tueur en série psychologiquement ébranlé, qui manifestera de façon meurtrière un manque d'affection ressenti (à raison) durant son enfance. Ce tueur, on le découvre très vite. On découvre son identité. Son enfance. Ses pathologies. Et comme par un étrange jeu de miroir, ses pathologies sont plus ou moins les mêmes que celles de nombreux personnages du roman, à commencer par Caranne, être meurtri par les aléas de sa vie, en froid avec son père, en réchauffé avec sa sœur et en glacial avec lui-même. Heureusement, il peut compter sur Marcus, un ancien détenu de la prison de l'île de Ré avec qui il a sympathisé. Brute épaisse au grand cœur, videur la nuit, amoureux tout le temps d'une fille à problèmes. Et les problèmes, ça le connait à Caranne. C'est sûrement pour cette raison que le commissaire Baccaro l'appelle pour lui demander de l'éclairer de ses lumières sur une scène de crime plutôt moche : Olivia Vanoenaker, quarante-cinq ans, a été égorgée dans son salon, liée à un fauteuil sous éclairage pendant que son fils lui faisait face de dos des écouteurs sur les oreilles avec de la musique classique à cent dix décibels. Or cette femme est en apparence la deuxième victime du tueur, et c'est une série qui s'installe sous de fichus auspices pour l'équipe de Baccaro.

Victor Caranne c'est celui qui va être capable de dresser le portrait psychologique du tueur (autrefois victime), de comprendre son enfance, ses motivations, voire de pouvoir déceler son identité à partir de recoupements de dossiers de la petite enfance de différents services (à l'inverse de Varg Veum, l'ancien travailleur social imaginé par Gunnar Staalesen, il n'est pas encore détective privé, mais l'approche qu'il a de son métier est plus réservée que celle d'une de ses collègues, ce qui est un plus pour sa survie mentale). La suite du roman relate une course-poursuite entre un tueur qui commence à se précipiter et une équipe d'enquêteurs sur les dents avec une tension grandissante (amplifiée par des temps où elle se rapproche très près du tueur sans pouvoir l'arrêter).

Ce qui importe dans Je suis le feu, c'est à la fois l'atmosphère et l'écriture. Max Monnehay sait planter son décor, rendre ses personnages crédibles, aller sur de petits sentiers (les deux psychologues carcéraux, les troubles sentimentaux, les erreurs à ne pas commettre une seconde fois) et emprunter l'autoroute familiale. Car tout dans Je suis le feu est affaire de relations difficiles dans des foyers familiaux éclatés. À commencer par les victimes qui sont des mères au foyer qui couvent leur unique enfant. On pourrait penser que le tueur qui agit comme le feu est un nettoyeur, mais ce serait faire une erreur de jugement. Et Caranne, dont c'est plus ou moins le métier que de juger (il est testé par Baccaro comme profiler) va malheureusement ne pas devoir en commettre, ou le moins possible car la vie d'autres personnes est en jeu. Et il vit déjà avec d'autres morts sur la conscience. Une intrigue tordue mais simple, une écriture fluide et agréable, des personnages énervants mais attachants : Max Monnehay maîtrise bien sa recette !

Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2022

Citation

Caranne soupçonnait Babiak d'être de son avis, mais l'inspecteur s'était frotté les mains à l'idée d'un 'interrogatoire musclé', comme il l'avait entendu plaisanter dès que Baccaro avait quitté la pièce. Quand le chat n'est pas là, les gros sadiques s'en donnent à cœur joie.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 13 septembre 2021
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