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Jeannette et le crocodile
Grand format
Inédit
Tout public
176 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35887-850-0
Actualités
- 01/07 Festival: Avant-goût de TPS 2022
La quatorzième édition du festival noir de la Ville rose aura lieu les 7, 8 et 9 octobre prochains. La liste des auteurs invités est établie, le programme aussi dans les lignes maîtresses mais il est encore un peu tôt pour aller, ici, au-delà de la dépêche. Aussi nous bornerons-nous pour l'heure à annoncer quelques éléments-clefs. D'abord le thème retenu : "Aux frontières du polar..." ; un intitulé assez polysémique dont on se dit qu'il questionne aussi bien la géographie que les définitions de genres et de registres littéraires. Puis les dernières sélections, qui sont désormais connues, pour les deux récompenses attribuées pendant le festival :
Prix Violeta negra Occitanie
Six romans figurent dans la sélection finale :
Une affaire italienne, de Carlo Lucarelli (Métailié)
Casino Amazonie, d'Edyr Augusto (Asphalte)
El Edén, d'Eduardo Antonio Parra (Zulma)
L'Étrangère, d'Olga Merino (Dalva)
La Vague arrêtée, de Juan Carlos Méndez Guédez (Métailié)
Haine, de José Manuel Fajardo (Métailié)
Prix France Bleu Polars / Polars du Sud
Pour sa deuxième édition, ce prix récompensera un roman dont l'intrigue se situe en France, choisi parmi les suivants :
L'Heure du loup, de Pierric Guittaut (Les Arènes)
Jeannette et le crocodile, de Séverine Chevalier (La Manufacture de livres)
Nueve cuatro, de Nicolas Laquerrière (Harper Collins)
30 grammes, de Gabrielle Massat (Le Masque)
Le Vestibule des lâches, de Manfred Kahn (Rivages).
En cas d'indécision pour préparer ses lectures de vacances, on peut déjà s'inspirer de cette petite liste – ainsi que des autres sélections déjà publiées pour les futurs prix noirs automnaux...
Liens : Le Vestibule des lâches |L'Heure du loup |José Manuel Fajardo |Séverine Chevalier |Toulouse, polars du Sud
Véritables larmes
Jeannette est une jeune fille de dix ans. Aujourd'hui, c'est d'ailleurs son anniversaire, et sa mère lui a promis d'aller voir les crocodiles du zoo de Vannes et notamment, Eléonore, une femelle retrouvée dans les égouts. Alors Jeannette se lève et prépare son casse-croûte, se raconte la joie qu'elle va avoir d'aller au zoo et d'enfin regarder cet animal auquel elle pense sans cesse. Mais c'est compter sans la vie. Sa mère est une mère célibataire, beaucoup trop branchée par l'alcool. Hier elle a fêté elle ne sait trop quoi, mais il est très difficile de se lever. Pour son anniversaire, Jeannette, qui est déjà une enfant sage, comprend qu'il sera beaucoup plus simple de laisser le sandwich du pique nique dans le frigo et de nettoyer le vomi laissé par sa mère. La visite au crocodile, ce sera pour l'année prochaine. Seule promesse de sa mère, s'arrêter de boire mais est-ce une promesse qu'elle peut tenir ? Entre les usines qui ferment, le travail qui s'évanouit, les beaux parleurs qui draguent la mère et ont des rêves pour lesquels ils sont prêts à tout trahir y compris leur propre conscience, est-ce que les rêves seront possibles ?
Ce très court roman de Séverine Chevalier se concentre au départ sur Jeannette puis va élargir son propos sur sa mère, sur l'amoureux de celle-ci, sur ses connaissances de classe. Peu à peu, une conscience de défavorisée va prendre en Jeannette, mais elle ne sait pas comment la faire fleurir, ni comment se défendre dans le monde. Au final, d'ailleurs - mais cela est d'une logique implacable -, tout ça se terminera mal pour la destinée individuelle de Jeannette mais aussi parce qu'elle est cernée par des cyniques (symbolisés par l'amant de sa mère qui ne pense qu'à lui et aura une reconnaissance factice dans les dernières pages). Jeannette et le crocodile est un roman noir car il montre comment il est difficile de sortir de sa condition, de son ornière, comment les difficultés d'éducation vont se répercuter pour perpétuer un système injuste, comment les explosions de colère peuvent éclabousser ailleurs que l'endroit où elles devraient le faire. Cependant, ce constat désespérant ne se construit pas sur du larmoyant, mais sur du factuel, sur une description minutieuse d'une auteure qui a compris le désarroi des gens et le dissèque avec soin, à travers un personnage emblématique, sans pathos, ni manichéisme, comme une journaliste pointilliste, engagée et scrutant le monde social.
Nominations :
Mille et une feuilles noires 2022
Citation
Il n'y a plus d'argent dans le gros cochon, elle a vérifié en se levant, mais c'est normal, maman l'a pris pour la journée d'anniversaire. Elle a mis de l'essence dans la vieille bagnole, acheté quelques provisions pour manger ce soir et demain, fourré le reste dans son portefeuille pour les tickets d'entrée.
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