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Ne faites confiance à personne
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Vincent Guilluy
Paris : Hugo Roman, juin 2022
442 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-7556-9635-6
Coll. "Hugo thriller"
Le silence des jambons
Ellen Devlin ne désire rien de plus que d'être mère, mais tous les tests sont formels : elle est stérile. Dans le train qui la ramène d'une énième clinique de fertilité, une jeune femme et son bébé nommé Mia s'installent en face d'elle. Après quelques mots, celle qui dit s'appeler Kathryn lui demande de s'occuper de l'enfant, Mia, pendant qu'elle passe un coup de fil. Mais Ellen la voit ensuite quitter la gare, abandonnant Mia à une inconnue avec un mot : "Ne faites confiance à personne et surtout pas à la police." Mais à qui d'autre peut-elle s'adresser ? C'est alors qu'elle est enlevée par un inconnu qui pourrait être Dominic, l'ex violent de Kathryn. Réussissant à lui échapper alors que Mia est confiée à ses grands-parents, Ellen découvre qu'elle est loin d'être en sécurité. Mais qui la menace exactement ? Pourquoi cette précision "surtout pas la police" ? Et quel rapport avec ce tueur en série qui en est à trois victimes et qu'on a surnommé le Fantôme parce qu'il ne laisse pas la moindre trace derrière lui ?
De l'auteur, on avait apprécié le précédent roman, Holiday qui, sans atteindre des sommets, faisait au moins le boulot. Mais là... T. M. Logan semble atteint par le syndrome du polar britannique, véritable petite industrie depuis quelques temps déjà, qui consiste à raconter tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi...) comme dans une série télévisée où il ne faut surtout pas mettre la moindre tension et et autres enjeux nébuleux. Le tout ne s'embarrasse guère de crédibilité : en quelques minutes, cette variante de la mère-courage développe assez d'affection pour risquer sa vie pour l'enfant d'une inconnue (ce qui semble limite sexiste, comme si n'importe quelle femme perdait toute rationalité dès qu'un bébé passe dans les parages, et ses mobiles semblent plus relever de l'ego et du désir de possession que d'autre chose) — ce que, toujours selon une manie actuelle, l'auteur semble prendre conscience en cours de route, puisqu'il rajoute une justification... qui vient alors que le roman est presque terminé ! — elle se fait enlever de jour en pleine rue, puis réussit à s'échapper par miracle, tout ceci sans que l'on ressente la moindre impression de danger. Comme il est écrit dans le contrat qu'il faut faire un roman choral, les personnages se multiplient inutilement, si bien que vu le nombre de points de vue, il est parfois difficile de dire qui est qui et surtout qui dit quoi. Sans oublier cette histoire de tueur en série insérée à la truelle alors que l'on en est à plus de la moitié du texte sans qu'il en soit fait mention avant. Le pire est encore la fin où après avoir peu subtilement aiguillé vers un coupable, T. M. Logan lance une grande révélation que le lecteur pas encore endormi aura vu venir depuis l'espace et en conclura qu'on le prend tout de même un peu pour un jambon... Et que dire de ce happy-end rose bonbon à peine digne d'un téléfilm punitif du samedi après-midi ? Non seulement le polar britannique se porte mal (il n'y a plus, je ne sais pas, d'éditeur pour faire retravailler les textes bancals ?), mais le pire, c'est que ça se vend et peut même remporter des prix...
Citation
Pour la première fois, l'irréalité de la situation me frappe : on est mardi après-midi et je suis dans un taxi, en route pour un commissariat, avec dans les bras l'enfant d'une inconnue.