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L'été meurtrier
L'île de Nissos, au large de la Grèce et de la Turquie, est un microcosme bien particulier où se mêlent riche héritières et trafiquants à la petite semaine de toutes les nationalités. En vacances, le capitaine de police Markou se voit rattrapé par le travail : lors d'une soirée huppée chez Mariama Miladi, une figure de l'île, on retrouve un cadavre assassiné baignant dans l'eau. Il est vite identifié : Lucy Davis, une journaliste insulaire. Elle a été tuée d'un coup de marteau, même si l'arme a disparu, ce qui signifie que l'assassin devait être couvert de sang. Markou découvre que la victime préparait un roman qui se voulait un livre à clefs explorant les turpitudes des habitants de l'île. Est-ce pour cela qu'on l'a tuée, pour préserver un secret honteux ? Est-ce celui de l'excentrique héritière septuagénaire Henrietta Banks, dont on raconte qu'elle a tué son mari pour toucher l'héritage ? Ou encore le seul galiériste de l'île ? Ou enfin la vérité est-elle à trouver dans un autre meurtre non résolu remontant aux années 1970 ?
De par son origine, on imagine que Christos Markogiannakis, l'auteur, n'aura pas droit à l'étiquette de cosy mystery (ou cosy murder, ou... tout dépendant du taux de franglish de l'éditeur) censée faire s'ouvrir les porte-monnaies par magie. Pourtant, vu qu'avec cette étiquette, il s'agit d'amortir de vieilles séries poussiéreuses replâtrées top-haïpe-swag (pour combien de temps ?), y échapper serait un bien : si l'auteur cite dans le cours du récit Agatha Christie et son Mort sur le Nil, il l'a amplement mérité tant l'hommage est réussi. Au moins, le décor d'une île grecque met un peu de sang neuf dans le vieux cliché "des personnages enfermés dans un lieu clos avec un meurtrier" bien usé, de dame Agatha à Ellery Queen (même si on peut regretter que la tempête censée isoler ce beau monde ne se manifeste pas, au point de n'être qu'un MacGuffin sans trop d'incidences sur l'intrigue). Christos Markogiannis suit à la lettre les canons du genre avec, on le sent, un respect et une affection pour ce même genre qui fait toute la différence. Et si un roman à énigme vaut par la qualité de sa résolution, celle-ci est particulièrement ingénieuse tant l'auteur fait partir le lecteur sur des voies détournées (si le "qui ?" peut se deviner, le "comment ?" est jouissif). Pour un bon roman à énigme de vacances, oubliez les séries pâtissières débilitantes et privilégiez un brin d'exotisme...
Citation
Ces gifles humides lui rappelèrent la troisième conséquence de la météo : le corps n'était pas le seul prisonnier de l'île. L'assassin aussi.