Contenu
Liège en eaux troubles
Grand format
Inédit
Tout public
248 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-221-26090-6
Coll. "La Bête noire"
Les nouveaux mystères de Liège
René et Georgette Magritte, accompagnés de la fidèle Loulou, font un passage à Liège pour une exposition des toiles du peintre qui n'est pas encore considéré comme un maître. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi il ne vend pas un seul de ses tableaux... C'est lors d'une simple promenade hygiénique au bord du canal (qui ne s'est ni perdu ni pendu) que Georgette reconnaît un pêcheur solitaire : Joseph Malchair, un chanteur populaire à Liège. Sauf qu'il pêche... un pied humain, celui d'une petite fille ! Sentant poindre une enquête, Magritte appelle son ami policier Jefke pour savoir si une fillette est portée disparue. Est-ce l'enfant de Titine Batjawe, une semi-célébrité locale censée être une sorcière, mais qui n'a pas toutes ses frites dans le même cornet ? En effet, sa fille aurait disparu depuis deux jours. Suivant cette piste, René et Georgette vont faire une découverte inattendue. Surtout que la "fillette" était en fait la naine du cirque local, dont les membres ont tendance à tomber comme des mouches, et pas d'un excès de pekte. Tous ces crimes ont-ils vraiment un rapport avec les écrits d'un autre Liégeois célèbre, un certain Georges Simenon ?
Cette chronique risque fort de ressembler aux précédentes de la tétralogie (à ce jour) tant elle se maintient dans la qualité. Mais Nadine Monfils n'a-t-elle pas fait durer sa série hénaurme autour de Mémé Cornemuse plus longtemps qu'on l'eût cru ? Et ce alors même que là où bien d'autres auraient continué bien après la date de péremption, l'auteure y a mis fin lorsqu'elle semblait avoir perdu le goût de la gaudriole. Vu ses décors, la série des "Folles enquêtes de Magritte et Georgette" pourrait presque s'appeler "Les Nouveaux mystères de Belgique" comme Léo Malet l'avait fait avec les arrondissements parisiens. On y retrouve ce couple lunaire et fidèle menant des enquêtes très classiques dans un milieu réel bien mis en valeur (sans tomber dans l'ennui du polar "de milieu"), titillant le grand-guignolesque mais plus comme une comédie humaine tragi-comique que pour tirer vers la simple comédie (Nadine Monfils a déjà donné, comme on l'a dit), et ponctué de bonheurs d'écriture qui colleraient la honte a bien des auteurs de littérature dite "sérieuse" (par qui ? Ça, ça reste à déterminer). Pour cet opus, sans déflorer, on pourra regretter une conclusion simple, ce qui n'est pas forcément un mal, mais aussi, pour pinailler, que l'aspect simenonien mis en place soit insuffisamment exploité. Après qu'on nous ait escagassé sévère avec ce polar "du midi" avé l'accent et vendu cette arnaque monumentale qu'était le "polar nordique", peut-être qu'entre Nadine Monfils, Paul Colize (dans un registre fort différent !) et quelques autres (comme Barbara Abel), on reconnaîtra un jour la spécificité de l'école belge du polar particulièrement vivace, comme on a reconnu du bout des lèvres celle du fantastique belge ? On peut rêver...
Citation
La mort de ceux qu'on aime nous donne cent ans. Elle avait l'âge des momies, de ces dépouilles grises et sèches aux orbites creusées par les larmes. Elle n'en avait plus. Seule la pluie témoignait encore de son immense chagrin. Ses habits étaient des lambeaux de peaux mortes. Des petits chiffons d'oubli, des morceaux de désespoir.