Les Meurtres zen : des meurtres qui vous font du bien

Les grands goélands cendrés s'enfuirent en protestant lorsqu'il s'approcha. Un homme gisait là, mort, la cheville bloquée entre deux rochers.
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Roman - Thriller

Les Meurtres zen : des meurtres qui vous font du bien

Humoristique - Mafia - Prétoire MAJ jeudi 22 septembre 2022

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Karsten Dusse
Achtsam Morden - 2019
Traduit de l'allemand par Jenny Bussek
Paris : Le Cherche midi, septembre 2022
398 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-7249-1
Coll. "Thriller"

Un coach de vie et de mort

Björn Diemel n'a pas une vie facile et ce même si extérieurement tout semble lui réussir. Tout d'abord, il est avocat dans un grand cabinet allemand mais il n'a pas statut d'associé. Il n'est sans doute pas près de l'avoir car il est surtout chargé de suivre un client qui rapporte beaucoup d'argent mais qui dans le même temps n'est pas extrêmement fréquentable. C'est en effet un puissant chef de la pègre, sujet à des accès de violence, et qu'il faut sans cesse retirer des griffes de la police. De même, après plusieurs années de mariage, les relations avec sa femme ne sont pas au mieux et surtout son épouse veut qu'il use de son influence pour obtenir la meilleure maternelle de la ville pour leur enfant, une école qui semble hors d'accès (d'autant plus que la dernière lettre des responsables de l'établissement reproche justement à l'avocat son client qui pourrait détruire l'image de marque du lieu). Quelque peu coincé, Björn Diemel est obligé par son épouse d'aller consulter un coach de vie qui travaille sur la pleine conscience. Il s'y rend et commence à écouter les conseils de ce nouveau mentor. Quand le patron du gang vient le chercher car il vient de commettre une (nouvelle) grosse erreur, Björn Diemel s'inquiète à juste titre. En effet, suite à une erreur, le patron a tué un de ses employés dans une station service qu'il croyait vide, mais juste au moment où un bus rempli d'enfants est arrivé. Tous les passagers ont filmé et diffusé en direct les coups et la mort de l'employé, et il est assez facile de reconnaitre le patron. Il faut que l'avocat trouve une solution. Devant l'obstination et la violence du mafieux, Björn Diemel le cache dans son coffre de voiture pour aller dans une propriété privée mais dans la voiture, il y a également sa fille qu'il doit emmener en week-end. Il décide alors de laisser le patron mourir dans le coffre. Mais d'autres problèmes surgissent : comment se débarrasser du corps alors que les adjoints du chef veulent lui parler et qu'un autre chef de gang veut profiter de l'occasion pour s'emparer du pouvoir et surtout "venger" le mort qui travaillait aussi pour lui ? Quand la police s'en mêle, cela devient encore plus compliqué. Mais le détournement des sentences de la pleine conscience pourrait fonctionner...

Le roman de Karsten Dusse joue sur des effets comiques réussis, sur l'avalanche de problèmes qui s'accumulent et sur la façon dont le protagoniste tente vainement de s'en sortir. Des meurtres qui font du bien use du double registre d'une comédie classique avec un homme face à des problèmes qui s'enfonce plus il ne veut s'en sortir et un regard acéré sur des travers de la société comme le problème des crèches et des maternelles, très prégnant en Allemagne, les statuts sociaux et les nouveaux riches plus snobs encore que les anciens (les patrons de la crèche ou ses propres patrons qui veulent bien toucher l'argent de la pègre tout en évitant d'y être liés). Les assassinats sont vus comme des manières normales de régler les choses et il y a notamment des scènes très drôles autour de Björn Diemel cherchant comment se débarrasser du cadavre du chef mafieux. Le tout tient la distance et tout en restant noir, est écrit avec un regard amusé et cynique très intelligent.

Citation

J'avais l'impression que je pourrais adhérer au principe de base. En tout cas, je ne sentais plus de tensions dans ma nuque. Peu de temps après, M. Breitner me donnerait le mantra pour mon premier meurtre. Mais cela, je ne le réaliserais que des semaines plus tard.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 19 septembre 2022
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