Contenu
Tokyo Vice
Grand format
Inédit
Tout public
Folklore criminel
Jeune journaliste juif américain, Jake Adelstein arrive au Japon au milieu des années 1990 pour y faire carrière comme reporter. Parfaitement bilingue, il doit néanmoins affronter les préjugés attachés aux gaijins dans une société japonaise complexe qu'il cherche à comprendre. Recruté par l'un des plus gros quotidiens du pays, son affectation au service des faits divers l'amène à soulever une affaire de suicides liés à l'endettement. Louvoyant entre police et yakuzas, souvent de bien trop près, il va se retrouver plongé pour de bon dans la société criminelle du pays, et plus particulièrement dans la lutte entre deux clans de ces mêmes yakuzas.
Inspiré d'événements réels, l'ouvrage éponyme du véritable Jake Adelstein, passionnant reportage dans l'underground criminel japonais, avait fait l'effet d'une bombe au moment de sa sortie. Pour la première fois, quelqu'un racontait, de l'intérieur et au-delà du folklore, le véritable monde de la nuit japonais : les bars à hôtesses, la prostitution, les quartiers chauds, le culte des yakuzas - auxquels des revues entières sont consacrées - , dans la population, les collusions entre police, politique et criminalité, l'indifférence de la police lorsque les victimes de crimes sont des prostituées ou pire, des étrangères, le tout avec un style incisif, au ras du bitume, explorant les névroses et les perversités cachées sous les apparences. Or de ce formidable matériau, dans la veine gonzo d'un Hunter S. Thompson (qui valut à son auteur de nombreuses menaces de mort et nécessita qu'il bénéficie d'une protection policière), Michael Mann et Alan Paul ne font pas grand-chose, délaissant la complexité du récit pour une trame des plus classiques, recentrant l'action autour de la lutte de pouvoir entre deux clans yakuzas, assortie d'un "ménage à trois" entre le naïf Adelstein, une hôtesse américaine et son petit ami yakuza. Pourtant bien interprétée, en particulier par Ansel Elgart qui campe un Adelstein convaincant tandis que Ken Watanabe incarne fort bien le flic blasé, Tokyo Vice plane à la surface des choses, joue des façades vitrées et des clichés "typiques" pour amateurs de polars en mal d'exotisme (tatouages et doigts coupés abondent). Et si le métier des auteurs évite le naufrage d'un point de vue visuel, on ne peut s'empêcher de se demander où peut bien aller une série qui attend son dernier épisode pour commencer à exposer sérieusement ses enjeux, là encore largement en deçà du récit de Jake Adelstein, dont on conseillera plutôt la lecture (d'autant qu'une excellente traduction est disponible en grand format chez Marchialy et en poche chez Points).
Tokyo Vice : série réalisée par Michael Mann & Alan Paul d'après l'ouvrage éponyme de Jake Adelstein. Avec : Ansel Elgort, Ken Watanabe, Rachel Keller, Shō Kasamatsu, Ella Rumpf, Rinko Kikuchi...
Première saison :
1. "L'Épreuve" ("The Test")
2. "Kishi Kaisei" ("Kishi Kaisei")
3. "Entre les lignes" ("Read The Air")
4. "Choisissez le bon" ("I Want It That Way")
5. "Tout le monde paye" ("Everybody Pays")
6. "Trafic d'infos" ("The Information Business")
7. "Certains disparaissent" ("Sometimes They Disappear")
8. "Yoshino" ("Yoshino")
Tokyo Vice est diffusée depuis le 15 septembre 2022 sur Canal+.
Citation
Quand tu acceptes des faveurs de la part des yakuzas, tu ouvres une porte qu'il est très difficile de fermer.