L'Héritage de Molly Southbourne

Roman - Thriller

L'Héritage de Molly Southbourne

Ceci est mon corps

Quelques mois ont passé depuis que Molly Southbourne, voulant libérer ses doubles survivantes, a provoqué un carnage. Elle et ses "sœurs" se terrent désormais dans la campagne anglaise, cherchent à se faire oublier, à réinventer par l'amour et la bienveillance une vie qui n'a été que haine et meurtre. Mais la paix sera de courte durée car, dehors, Tamara et ses multiples doubles sont à sa recherche, et une tueuse sanguinaire issue de son passé entend bien solder ses comptes.

Troisième et dernier tome de la série de novellas consacrée aux Mollys, L'Héritage de Molly Southbourne élargit encore davantage le point de vue. Si Les Meurtres de Molly Southbourne, véritable bombe de body horror, restait intégralement centré sur son personnage, dont le moindre saignement créait un double meurtrier qu'il fallait éliminer au plus vite selon une série de règles édictées par ses parents, le deuxième présentait une seconde "famille" de clones, aux règles différentes et laissait entrevoir les grandes lignes d'un complot plus vaste, dont on prend la pleine mesure dans ce dernier volume, alors qu'un univers parallèle s'ébauche à grands traits, ancrant la trilogie dans le thriller. Dans l'Angleterre uchronique de la fin des années 1980 décrite par Tade Thompson, si la Guerre Froide s'achève globalement de la même manière, la population y souffre également d'une perte massive de fertilité et court à sa disparition à plus ou moins long terme. C'est dans ce contexte que l'apparition des Mollys, des Tamaras, et sans doute de beaucoup d'autres "sujets" fabriqués comme elles en laboratoire, prend tout son sens, non pas comme de simples monstres aveuglés de violence, ni comme des super-soldats, mais plus généralement comme une alternative à l'extinction. Récit de guerre secrète au niveau le plus intime, L'Héritage creuse la dimension humaine des complots, la violence des familles dysfonctionnelles vouées à se détruire et, partant, s'avère une conclusion réussie au cycle des Mollys. Hélas, il n'est jamais facile de succéder à un Big Bang comme l'a été Les Meurtres et on peine ici à retrouver l'expérience traumatisante ressentie à sa lecture, cette sensation d'étouffement qui enfermait dans le même cycle de violence infernale lecteurs et personnages. Ce qui est sans doute mieux pour notre santé mentale...

Citation

Vivre avec Moya, Ann et Molina, c'est difficile pour Molly. Un jour, Molina était en retard pour partir au travail, et lorsque Molly est allée la réveiller, Molina lui a cassé le nez. Puis elle l'a tabassé pendant deux bonnes minutes.

Rédacteur: Jean-François Micard jeudi 05 janvier 2023 partager : | |