Contenu
Poche
Réédition
Tout public
350 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-298801-1
Coll. "Policier", 977
Trajectoire de vie
Avec Héroïne, nous retrouvons la place carrée, cet ensemble d'HLM d'une banlieue comme une autre. La vie y palpite avec ses drames, ses joies et aussi ses petits trafics. Dans ce nouveau volet, nous allons nous concentrer sur deux lieux principaux - un collège désaffecté où nombre de protagonistes passent et l'hôpital, un des derniers bastions du service public, alors que le Covid-19 commence à donner à pleine force. Nous allons en particulier suivre Laura, une infirmière qui doit composer avec l'épidémie qui commence, les restrictions, les complications. Tout lui pèse car en plus Laura, dont la famille est d'origine immigrée, doit composer avec son homosexualité. Depuis quelque temps, elle a une amie, mais cette dernière reste distante, car elle a un mari. Leurs rencontres fugitives, lors de séances de cinéma, ne peuvent la satisfaire et sa tendre compagne retarde régulièrement le moment de dire la vérité à son compagnon. En même temps, nous allons découvrir Tonio, un petit truand qui est employé par un gang local, mais qui reste en périphérie, se contentant des miettes que veulent bien lui laisser ses supérieurs. Avec l'épidémie, il apprend qu'un ami, un manouche, va récupérer une cargaison de drogue et qu'il cherche des revendeurs. Avec l'aide d'un autre truand, Bolleg, Tonio décide de monter son propre réseau et de prendre son autonomie. Mais il doit à la fois trouver de l'argent pour payer la drogue et des livreurs qui ne sont pas connus des réseaux du quartier. Il y a aussi un jeune homme qui vivote avec sa compagne et leur bébé. Mais la vie est rude et l'épidémie perturbe son métier et donc son salaire.
Tous les personnages de la fresque de Tristan Saule vont bien entendu se croiser et interpénétrer les uns avec les autres, dans un équilibre construit avec soin. Chacun de son côté essaie de mener sa vie et de vivre mieux, mais forcément comme nous sommes dans un texte noir, les efforts des uns viennent interférer ou contredire les besoins des autres. Tristan Saule écrit en dessinant des personnages crédibles, en les rendant humains et vivants, fortement vivants, parvient à réussir cette symbiose entre les gens et le milieu dans lequel ils vivent. À la violence des gangs répond la violence sociale des préjugés et aussi celle de la violence de chaque humain qui, comme on le sait, est un loup pour l'homme. Héroïne, est un titre qui joue à la fois sur la substance qui est recherchée et vendue dans le roman, et sur Laura, le personnage féminin. Par ailleurs, l'auteur, en se renseignant auprès de professionnels, a réussi à capter les angoisses et les problèmes des infirmières, surtout en période de crise. Et ce roman amplifie l'excellente impression qu'avait produit le premier volume consacré à la Place carrée, un récit noir, mais sans pathos ni misérabilisme, sur la vie réelle en banlieue.
Citation
Un vent glacial traverse le jean de Tonio, un vent qui lui remonte le long des cuisses, puis s'enroule autour de sa colonne vertébrale. Tonio se mord la lèvre, il se penche pour vérifier ce qui se passe derrière. La fille a disparu.