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La Disparition des rêves
Grand format
Inédit
Tout public
204 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-300442-0
Coll. "Blanche"
Étoffe, songes, mort et rêve
Camille Dutilleul est une jeune journaliste qui commence à s'inquiéter car, depuis quelques jours, elle ne rêve plus ou alors elle ne s'en rappelle plus. Mais ça l'inquiète et elle consulte. Le médecin lui annonce qu'elle n'est sans doute pas la seule dans ce cas, qu'effectivement des bruits courent sur la disparation des rêves. Mais il faut aussi bien vivre et elle doit aller réaliser l'interview d'un Italien qui vit confiné dans un phare en Bretagne. De fait, elle découvre qu'il est justement l'objet d'expériences de la part d'un groupe de savants européens qui travaillent sur les rêves. À peine arrivée, elle constate que l'homme qu'elle devrait interviewer est retenu prisonnier par les savants car il n'est plus capable de rêver, et est donc l'objet de nouvelles expériences. Elle décide alors de l'aider à fuir, et sa fuite va l'emmener vers des groupes plus ou moins secrets qui cherchent justement à réhabiliter le rêve.
Ce n'est sans doute pas un hasard si le personnage central de l'intrigue s'appelle Dutilleul. C'est aussi le nom d'un des personnages les plus connus de Marcel Aymé, celui du Passe-murailles. Il y a dans le côté fantastique quotidien, léger de l'histoire, dans la façon dont les personnages passent eux aussi dans une histoire, comme dans un rêve, l'air de flotter, de ne pas toucher au décor, et de se déplacer comme des fantômes, un côté qui rappelle les nouvelles de Marcel Aymé. Ici, aussi, la journaliste croise des gens, les perd de vue puis les retrouve, aide à s'évader le rêveur sans vraiment de luttes ou de violences, parcourt l'Europe en bateau, comme si ce n'était qu'un songe. Dans cette histoire dont la part policière est légère - mais est-ce là le plus important ? -, nous suivons, dans une écriture limpide et poétique, s'appliquant à son sujet avec la même légèreté, le même côté cotonneux, nuageux, que celui des rêves, fantomatique (comme dans le vieux film Sylvie et les fantômes), une sorte de road movie mélancolique le long des fleuves, peuplé de personnages tous plus charmants et attachants les uns que les autres, sans violence. Derrière l'inquiétude qu'est la disparition des rêves, il y a comme une utopie douce qui se met en place dans un mouvement lent de l'océan bordant la Bretagne vers les rivages apaisés d'une île turque, pour un livre qui invite à la rêverie éveillée, ce qui est une autre façon de sauver le monde qui perd ses rêves.
Citation
Marie appartenait à cette génération qui finissait encore ses phrases. Elle reprit la conversation où nous l'avions laissé plusieurs mois auparavant : au milieu des brins d'herbe, des brumes, des allées. Elle parlait plus volontiers de l'horizon que du proche, de l'inactuel que du récent.