Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
64 p. ; 21 x 12 cm
ISBN 978-2-36224-121-5
Coll. "Polaroid"
Monde qui va de travers
En une soixantaine de pages, trois portraits (Myriam, Benjamin et Gabin) et deux trames qui vont se rejoindre implacablement, Laurence Biberfeld dresse le portrait d'une France qui se délite et d'une société qui agonise tout en se renouvelant. La novella hésite donc cruellement entre noirceur et optimisme, et l'on sort de cette lecture un peu dérangé, comme on sort de toute bonne lecture. Le personnage principal, la cheville ouvrière, c'est Myriam. Une femme ni jeune ni vieille qui a rejoint les Sans Clôture, une bande bien organisée de nomades qui traverse la France pour délivrer des animaux "domestiques" qui se meurent dans les fermes industrialisées à l'abandon. Ces mêmes fermes font l'objet de destruction par le feu de la part des militaires. Militaires qui ciblent également et indistinctement les groupes de nomades au nom de la sécurité étatique. Myriam traîne un crabe (un cancer) et le souvenir d'un fils qui s'est suicidé en prison. Fils abject, quelque part endoctriné par un père (Nathan, un ex) encore plus abject, Benjamin avait été arrêté pour viol sur mineure avant de finir par se suicider en prison. Dans un récit où les temporalités des deux trames s'alternent, nous suivons les errements dans tous les sens de Myriam. Ses allers et retours au parloir de la prison pour rendre visite à son fils qu'elle aime et déteste, son passage chez sa mère et sa rencontre avec ses nouveaux amis de circonstance dont Gabin, un freluquet qui a une tenue de "cosmonaute" et deux bonbonnes d'oxygène. Jouant sur les mots, Panier de crabes est une immersion fugace ironique et cruelle dans un univers apocalyptique crédible, avec un monde en fin de vie, assailli par ses propres tumeurs. Un monde absurde où l'absurde se révèle à la fin, et qui pose nombre de questions morales. La rémission n'est décidément pas pour tout de suite.
Citation
Nous étions nombreux, même parmi les plus jeunes, à trimballer des crabes. La pollution chimique, disait Gabin. Les déchets nucléaires. Il parlait des siens comme d'un mycélium qui le tapissait tout entier.