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L'Oiseau qui buvait du lait
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit du russe (Lituanie) par Michèle Kahn
Arles : Actes Sud, janvier 2023
492 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-17195-7
Coll. "Actes Noirs"
Revenir à la mère
En Lituanie, la police peut être aussi neurasthénique que dans l'Ouest européen. En tout cas, c'est le cas d'Algimantas Butkus, un des meilleurs policiers de Vilnius, commissaire à la criminelle. Il vient de dépasser la cinquantaine, commence à avoir des petits bobos et sa vie sentimentale n'est pas au top. Il a eu une liaison passagère avec une policière plus jeune, très belle, mais il ne sait pas trop comment faire avec autant de jeunesse. Sa femme l'a quitté pour s'enrichir en ouvrant une chaine de cafés et sa fille fait des études dans les pays arabes, ce qui ne laisse que quelques visios décevantes pour communiquer. Heureusement, un nouveau tueur en série va lui permettre de se changer les idées. Un assassin surveille des femmes qui allaitent - que ce soit pour leurs enfants ou pour vendre leur lait à des hommes plus ou moins amateurs (ou plus ou moins pervers, tout ça est laissé à l'appréciation de chacun) -, les endort avec des produits médicaux, tête leur sein gauche, puis coupe la poitrine. Qui plus est, il semble qu'il en profite pour lâcher son aigle qui tourne autour des lieux du crime. Y aurait-il en outre un rapport avec une secte internationale qui se réfère aux dieux égyptiens et dont il existerait un groupe sur Vilnius ? Le problème avec les tueurs en série, c'est qu'une fois qu'ils ont commencé, il est difficile de les arrêter, mais surtout de les empêcher de recommencer. Dans un petit pays comme la Lituanie, tout devient vite une affaire d'État et Algimantas Butkus n'a pas besoin qu'on lui ajoute tant de pression.
Certains lecteurs vont peut-être se dire : "Encore une histoire de tueurs en série". Certes, de ce point de vue, le roman n'est pas forcément original, mais ce tueur-là est cerné avec soin, sa "folie" est présentée sous un angle intéressant, ne jouant pas sur la peur, ni sur le gore, ce qui est déjà un point de départ qui mérite qu'on s'y arrête. D'autre part, la réalité du pays est présentée avec soin et c'est un endroit d'où arrivent peu de polars. Cela change de la vague scandinave, même si le climat n'est pas forcément plus réjouissant. Avec Macha ou le IVe Reich, Jaroslav Melnik avait déjà écrit un roman de genre, un texte de science-fiction, assez intrigant. Dans ce roman policier, il écrit de manière fine, dans une intrigue très construite, sans appuyer les effets qui pourraient naître soit des actions du tueur, soit des atermoiements du policier. L'Oiseau qui buvait du lait est un roman maitrisé dont l'intrigue nous maintient en éveil sur un nombre de pages assez conséquent. Une bonne surprise pour un auteur peu connu sur un thème que l'on pouvait penser rebattu.
Citation
La porte se ferma et le commissaire resta seul. Sa tête bourdonnait de tout ce qu'il avait appris. Mais un apaisement oublié depuis longtemps était enfin revenu dans son esprit. Il ferma les yeux et plongea dans le sommeil.