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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laura Derajinski
Paris : Gallmeister, janvier 2010
192 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 9782351780305
Coll. "Nature Writing"
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Les éditions Gallmeister viennent de publier Sukkwan Island de l'écrivain américain David Vann. À peine paru ce roman suscite une brassée d'éloges de toutes parts dont il ressort qu'il est LE roman noir de ce début d'année...
Un homme décide d'emmener son fils de treize ans dans une île sauvage et désolée de l'Alaska pour y séjourner une année durant, histoire de consolider leur relation. Et le séjour de tourner au cauchemar.
Très habilement, les éditeurs n'en disent pas davantage. Mais en lisant les extraits des chroniques qui l'ont salué, on comprend que ce livre est une noire balade aux tréfonds de l'âme humaine. Bref, c'est une couleur k-libre grand teint, semble-t-il. Tout cela pour en venir au point important : l'auteur David Vann sera présent le vendredi 22 janvier à partir de 19 h 30 à la librairie Atout livre* en compagnie de son éditeur Olivier Gallmeister.
* Librairie Atout Livre
203 bis avenue Daumesnil
75012 Paris
David Vann, Sukkwan Island (traduit de l'américain par Laura Derajinski), éditions Gallmeister, janvier 2010, 200 p. - 21,70 €.
Consulter ici la page de l'ouvrage sur le site des éditions Gallmeister.
I. Roche/k-libre
Liens : David Vann
Island in the snow
Un homme et son fils, seuls au milieu de la nature hostile d'une île en Alaska. Au début, on prend peur : un ersatz de La Route, une fuite désespérée sur fond de fin du monde avec, en prime, le développement des liens filiaux père-fils. Sauf que dans Sukkwan Island, la confrontation avec la nature est volontaire. La retraite dans une cabane perdue en Alaska est une idée du père, qui jusqu'à présent, ne voyait son fils que les week-ends. Une année entière rien que eux, à apprendre à se connaître entre parties de pêche, coupe et ramassage de bois, chasse aux cerfs et constructions de caches à nourriture. Profiter de l'été pour prendre ses marques, s'armer pour l'hiver, passer l'hiver et s'épanouir au printemps.
Sauf que, voilà, rien ne va évidemment se passer comme prévu. Le début de ce huis-clos est traité par le menu détails des tâches quotidiennes et nécessaires des deux personnages : trouver à manger, se chauffer, se préparer pour la baisse des températures. Le fils découvre avec effarement que le père n'est pas plus préparé que lui à cette aventure, qu'il ne sait pas tout, qu'il doute et qu'il peut se tromper. Leur première victoire : réussir tant bien que mal à scier des planches correctes pour un abri de bois est bien vite suivie par leur premier gros échec : être parti en vadrouille, laissant leur cabane, leurs vivres et leur équipement à la portée d'un ours qui va s'en donner à cœur joie dans la destruction du nécessaire de survie des protagonistes.
Le père et le fils s'en sortent, chutent et se relèvent, grappillent difficilement de petites victoires sur la nature ennemie, l'apprivoisent et le quotidien s'installe. On s'attend forcément à un retournement de situation, à quelque chose qui viendra casser ce rythme lent et méthodique, imperturbable de la narration descriptive. Oui, mais ce ne sera pas ce qu'on attend : pas de course poursuite avec des chasseurs autochtones, pas de révélation ascétique au pied d'un arbre, pas de retour prématuré à la civilisation, à l'école et à la vie de famille. La traque se fait entre le père et le fils, ce dernier contraint de subir, toutes les nuits, l'auto-psychanalyse que s'inflige son père dans le noir, l'amenant à des révélations sordides sur sa vie privée qui glacent son fils, impuissant. La course-poursuite se fait entre le père et sa propre rédemption, le fils face à ses propres incertitudes, déchiré entre son désir de s'échapper au plus vite de cet enfer familial et l'envie de rester aux côtés de ce père qui sombre. Ne sombrera pas celui que l'on attend, là encore. L'inattendu est fortement ménagé, dans Sukkwan Island, véritable drame sombre, sans échappatoire aussi bien physique que morale. Mais l'on referme le livre avec un goût amer, peut-être dû à une seconde partie – qui ne passe plus sur l'île – plus faible, où le nature writing ne tient plus la place prépondérante bien qu'elle soit toujours présente, et où l'on sent poindre une délectation de l'écriture et de la description moindre.
On en parle : L'Indic n°5
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Je crois que j'ai vécu trop longtemps au mauvais endroit