La Marque

À ce moment-là, s'il y a bien une chose qu'il a comprise en tant que meurtrier, c'est que tuer allait devenir une addiction. Il venait de se condamner à la quête d'une extase qu'il approcherait, sans jamais plus atteindre le même degré d'intensité, d'où la nécessité de toujours se renouveler et d'être créatif. Un tueur a finalement les mêmes obligations qu'un écrivain de littérature noire, s'il ne veut pas décevoir.
Pierre Pouchairet - Du sang sur le Quai
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 21 novembre

Contenu

Roman - Noir

La Marque

Social - Scientifique - Dystopie MAJ jeudi 04 mai 2023

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Frída Ísberg
Merking - 2021
Traduit de l'islandais par Hadrien Chalard
Paris : Robert Laffont, avril 2023
332 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-221-26285-6
Coll. "Pavillons"

Séparer scientifiquement le bon grain de l'ivraie

L'action se déroule dans une Islande confrontée à l'augmentation de la violence. La société cherche des solutions, et il s'est mis en place un teste d'empathie qui devrait permettre de savoir qui sont les gens sympathiques et ceux qui présentent des prédispositions dangereuses. Ce test n'est pas scientifiquement établi, mais la plupart des gens y croient. De plus, dans certains endroits (immeubles, voire zones pavillonnaires, entreprises, parlement), ce test est considéré comme obligatoire pour obtenir le droit de s'installer ou de travailler. Le test en est arrivé au point où les instances politiques décident de créer un référendum qui décidera si la "marque" d'empathie va devenir obligatoire sur l'intégralité du territoire. C'est dans ce contexte qu'apparait Oli, un psychologue qui se bat au cours des débats pour obtenir le "Oui" au référendum. Mais, depuis quelques jours, il reçoit des menaces et les choses s'accélèrent encore quand ses pneus de voiture sont crevés. Cependant ses réactions provoquent la réaction de son épouse car, cette dernière est professeure, et elle voit avec inquiétude le test devenir un moyen de sélection dans les écoles. De son côté, l'auteur des menaces est un jeune homme, écorché par la vie, sombrant dans la drogue, et qui voit son avenir compliqué car il sait qu'il n'aura bientôt plus beaucoup de droits si la loi sur la marque passe. Il a besoin d'obtenir un crédit bancaire pour s'acheter un appartement avant que ça devienne impossible. Mais pour cela il doit augmenter ses actions illégales.

Entre une intrigue qui représente une possibilité de transformer la société de manière dystopique en créant un test d'empathie, dont la fiabilité reste douteuse, et les façons dont cette nouveauté va entrainer des répercussions différentes chez des protagonistes qui la souhaitent ou n'en veulent pas, La Marque décrit une situation précise et ses applications. Nous allons suivre différents personnages, leurs interactions, leur façon de se comporter par rapport à ce test et ce référendum. L'ensemble est construit avec soin, les chapitres se répondant les uns aux autres, et surtout il traduit une inquiétude réelle, des soucis que l'on voit pointer de différentes façons dans notre société (le Covid, les restrictions dues aux applications informatiques qui touchent nettement les Chinois, mais qui arrivent également en France avec les détails de la loi relative aux jeux Olympiques et Paralympiques). La Marque, premier roman de Frída Ísberg, pose le problème et offre des options positives et négatives autour d'un changement de société. Même si l'auteure n'arrive pas totalement à rendre très alléchant son sujet, c'est une bonne description quotidienne et réaliste d'une invention et de la façon dont elle va obliger la société à se positionner.

Citation

Après les cours, un représentant de L'API, l'association des Psychologues Islandais, vient expliquer aux enseignants comment préparer les enfants à l'examen. L'expérience montre qu'il vaut mieux en minimiser l'importance, dit-il, qu'il faut leur assurer qu'ils n'ont rien à craindre. Les enfants ont tendance à être extrêmement pessimistes, à se faire une montagne de rien du tout.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 04 mai 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page