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Réédition
Tout public
Préface d'Emmanuel Pailler
Romain Slocombe (illustrateur de couverture)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuel Pailler
Paris : Moisson rouge, mars 2010
236 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-914833-91-2
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- 11/11 Édition: Parutions de la semaine - 11 novembre
Pas grand-chose à se mettre sous les yeux hormis Le Jour du fléau, nouveau roman de Karim Madani chez Gallimard, qui est aussi le premier volet des "Chroniques d'Arkestra", et peut-être Milieu hostile, de Thierry Marignac chez Baleine. Pour le reste, il faut aller piocher en poche chez Points les rééditions du Cul des anges, de Benjamin Legrand et surtout La Bête de miséricorde, de Fredric Brown. Si vous n'avez jamais lu cet auteur, c'est le moment ! Même si ses nouvelles sont très goûteuses, ses romans policiers restent des modèles du genre.
Mais bien entendu, vous êtes libres de trouver ici et là de belles perles noires...
Rendez-vous dans votre librairie !
Grand format :
In Memoriam, de Sophie Bellocq-Poulonis (Le Patient résident, "Les Héritiers de Sherlock Holmes")
Meurtre au cinéma forain : sur les pas de Meliès, le magicien du cinéma, de Renée Bonneau (Nouveau monde)
Le Roman noir d'Anaïs, de Bernard Coat L. (Ex aequo, "Rouge")
Quai des moribonds, de Christophe Cornillon (La Taillanderie)
La Mort dans les yeux, de Torkil Damhaug (Le Seuil, "Policiers")
Les Enquêtes du brahmane Doc, de Sarah Dars (Philippe Picquier)
Le Jour du fléau, de Karim Madani (Gallimard, "Série noire")
Milieu hostile, de Thierry Marignac (Baleine)
Le 9e jugement, de James Patterson & Maxine Paetro (Jean-Claude Lattès)
Sous la glace, de Louise Penny (Actes sud, "Actes noirs")
Tout Harry Dickson. 4, de Jean Ray (Ananké-Lefrancq)
Les Infernautes, de Jacques Rittaud-Hutinet (Atelier du grand tétras, "Écriture")
L'Ultime refuge, de Nora Roberts (Harlequin, "Mira")
À mains armées, de Philippe Thuillier (La Manufacture de livres)
Poche :
De noirs orages..., de Gérard Amaté (Atelier de création libertaire)
La Bête de miséricorde, de Fredric Brown (Points, "Roman noir")
Le Cul des anges, de Benjamin Legrand (Points, roman noir")
Le Septième fils, de Ãrni Thórarinsson (Points, "Policiers")
Liens : Le Septième fils |Le Cul des anges |Árni Thórarinsson |Renée Bonneau |Fredric Brown |Bernard Coat L. |Benjamin Legrand |Karim Madani |Thierry Marignac |James Patterson |Maxine Paetro |Louise Penny
Le drôle de medley de Fredric Brown
Écrit en 1956, La Bête de miséricorde (The Lenient Beast), roman de Fredric Brown, est déjà paru en France à une "autre époque". À une époque où parfois les traductions étaient "surréalistes, où approximations, inventions, coqs à l'âne, anglicismes délirants et incohérences narratives se multipliaient" comme le relate le nouveau traducteur Emmanuel Pailler dans sa préface.
Dans une petite ville à la chaleur étouffante, le corps d'un homme, Kurt Stiffler, est retrouvé dans le jardin de John Medley, un paisible retraité. Une balle de .22 tirée dans sa nuque. L'arme a disparu. Deux policiers mènent l'enquête. L'un, Fern Cahan, est d'avis que c'est un meurtre de rôdeur. L'autre, Franck Ramos, soupçonne le retraité. Le mort, d'origine germano-mexicaine, avait seul survécu à un accident de voiture dans lequel sa femme et ses trois enfants avaient péri. Malade, il avait toutes les raisons de se suicider alors pourquoi le tuer ? Germe dans l'esprit de Franck Ramos l'idée que John Medley a tué par miséricorde. Mais son capitaine le tient pour fou et lui ordonne de ne plus rencontrer Medley. L'arme du crime resurgira peut-être dans une autre affaire, qui pourra alors rebondir. Trop de temps a déjà été consacré au meurtre d'un homme que tout le monde a déjà oublié.
Fredric Brown alterne des chapitres où ses personnages prennent tour à tour la parole. John Medley, Fern Cahan, Franck Ramos, sa femme Alice et le capitaine Walter Pettijohn. Quatre histoires viennent alors se mêler. L'enquête, le passé de Medley, la désagrégation du couple Ramos et l'idylle de Cahan avec une ravissante témoin. Brown aborde ses thèmes de prédilection. Il est beaucoup question de racisme, de quête identitaire, d'incompréhension, d'alcool et de rédemption. Medley, personnage central, est un autre prêcheur que celui de La Nuit du chasseur. Il a tué sa femme mais se cache-t-il les bonnes raisons alors qu'il a perdu la sienne ? Après, même s'il s'avoue avoir été un homme sans Dieu, il suit la voie que Dieu lui ordonne. Stiffler croyant ne se serait pas suicidé. Du moins c'est ce qu'il croit et ce qui a motivé son acte. Emmanuel Pailler parle de "style sec et efficace, à la limite de l'épure". Il a évidemment raison. Le premier chapitre du roman est un modèle du genre - il aurait d'ailleurs pu n'être qu'une nouvelle. Brown est minutieux à outrance, et l'on se sent captivé par ce qui se déroule sous nos yeux avant de nous effondrer la porte refermée sur les policiers comme John Medley. Et ce n'est que le début !
Citation
En fin de journée, je trouvai un cadavre dans mon jardin. Je m'étais levé à huit heures, comme d'habitude, mais je ne fis cette découverte que quelques minutes après onze heures, parce que je n'avais pas regardé avant par la fenêtre de mon salon.